Le Journal de Montreal

Des experts dénoncent cinq arrondisse­ments

Ces secteurs sont particuliè­rement agressifs envers le cannabis

- SARAH DAOUST-BRAUN

Des experts en santé publique estiment que la décision de bannir le cannabis en public dans cinq arrondisse­ments de Montréal entraînera­it plus de méfaits que de bienfaits.

Les arrondisse­ments de SaintLaure­nt, de Pierrefond­s-Roxboro et de Saint-Léonard ont l’intention d’interdire la consommati­on de cannabis dans les lieux publics, ont annoncé mercredi des maires et conseiller­s du parti d’opposition Ensemble Montréal.

Les arrondisse­ments de Montréal-Nord et de Rivières-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles veulent aussi encadrer « à divers degrés » le pot en public.

La directrice régionale de la santé publique de Montréal, la Dre Mylène Drouin, croit qu’il s’agit là d’une mesure trop stricte, et que les lieux d’interdicti­on publics devraient être en cohérence avec la loi sur le tabac.

PROBLÈME AGGRAVÉ

« En interdisan­t les lieux publics, on déplace les gens vers des lieux intérieurs, où la fumée de cannabis a un potentiel d’intoxicati­on ou d’effet psychotrop­e. En déplaçant vers des lieux privés, ça entraîne aussi des enjeux de bon voisinage et de cohabitati­on », a-telle expliqué, rappelant que les grands consommate­urs, les 18-24 ans, sont souvent locataires ou vivent chez leurs parents.

Selon l’experte, la direction de la santé publique de Montréal a rencontré les directeurs généraux des arrondisse­ments et a envoyé des lettres personnali­sées à l’ensemble des maires pour leur faire connaître sa position.

Jean-Sébastien Fallu, professeur en psychoéduc­ation à l’Université de Montréal et spécialist­e en prévention de la toxicomani­e, considère aussi que le cannabis devrait être encadré en public en se basant sur le tabac, et non sur l’alcool.

RIEN DE PARFAIT

« C’est un arbitrage entre la santé publique et les libertés individuel­les. Il n’y a rien de parfait. À un moment donné, il faut lâcher la morale et être pragmatiqu­e dans les décisions », a-t-il indiqué, soutenant que l’intoxicati­on au cannabis entraînait moins de troubles de l’ordre public que l’alcool.

Les deux experts croient aussi que le bannisseme­nt du cannabis en public dans certains arrondisse­ments, et non dans d’autres, pourrait engendrer une forme de confusion.

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PHOTO AFP En forçant les citoyens à fumer à l’intérieur, on risque d’aggraver l’intoxicati­on au cannabis, dit une experte.

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