Trois ans pour un face-à-face mortel
L’accusée âgée de 26 ans s’est profondément excusée auprès des proches de la victime
Une jeune femme qui a causé un face-à-face mortel sur le pont de l’île Bizard en conduisant trop vite et trop saoule devrait écoper de trois ans de pénitencier, même si cela n’atténuera pas la douleur des proches de la victime.
« Notre famille a perdu un de ses piliers les plus forts, le deuil est dur, la peine et la douleur demeurent vives », a témoigné avec émotion le neveu de Robert Albert, hier, au palais de justice de Montréal.
En mars 2017, M. Albert, 60 ans, se rendait manger au restaurant lorsqu’une voiture fonçant à toute allure et à contresens est arrivée face à lui, causant une collision fatale.
La conductrice de 26 ans, Marie-Michèle Benjamin, roulait deux fois trop vite avec plus du double de la limite d’alcool. Elle a depuis plaidé coupable de conduite dangereuse causant la mort.
« Un homme de qualité est décédé ; une femme de qualité au début de sa vie va prendre le chemin du pénitencier. Quel gâchis, la vie de deux familles a basculé », a déclaré l’avocat de la défense Pierre Joyal.
Lors des audiences d’hier, les proches de M. Albert lui ont rendu un vibrant hommage, insistant sur sa bonté et sa générosité.
« Mon père est irremplaçable ; le jour où il est parti, mon monde s’est écroulé », a dit sa fille Mylène. Son autre fille a rappelé à quel point il soutenait sa famille et à quel point le décès a laissé la place au vide.
REGRETS
Benjamin a présenté de profonds regrets, sans chercher à diminuer sa responsabilité. La jeune femme sans antécédents criminels et qui vient d’obtenir un diplôme universitaire, espère que son cas sensibilisera ceux qui seraient tentés de conduire saouls.
« J’ai commis des gestes dont les répercussions sont irréparables », a-t-elle dit.
Lors des plaidoiries, son avocat a d’ailleurs lancé une charge envers le gouvernement, l’enjoignant à forcer l’installation d’antidémarreur éthylométrique dans tous les véhicules pour enrayer le fléau de l’alcool au volant.
L’avocat de la défense et la procureure Anik Archambault ont suggéré une sentence de trois ans de pénitencier et une interdiction de conduire de six ans. La juge Karine Giguère rendra sa décision le mois prochain.