Le nouveau visage du culturisme
Lauralie Chapados s’est classée en deuxième position du renommé, Mr. Olympia en septembre à Las Vegas, les « Olympiques » du fitness et du bodybulding. Malgré sa performance, l’athlète de 22 ans de la Rive-Sud n’a pas fait les manchettes. Son sport, le Bikini Fitness, est toujours méconnu ; Lauralie Chapados nous a ouvert les portes de son univers.
Une beauté naturelle et du charisme inné ou répété suffisent pour remporter une épreuve de « bikini » ? Un des nombreux préjugés de ce sport pourtant en explosion. « On ne s’entraîne pas moins fort pour une compétition de fitness versus une autre de bodybuilding », affirme Lauralie Chapados.
Il y a les heures au gym, deux fois par jour, mais aussi et surtout un dévouement 24/7. « C’est plus qu’un sport : c’est un mode de vie », dit l’athlète de 22 ans, pour qui le gym est sa seconde maison depuis ses 17 ans.
DEVENIR CHAMPIONNE DE BIKINI FITNESS
Il y a eu le soccer compétitif, puis l’adolescence. « Je voulais continuer à être active et je n’avais pas une alimentation très santé. Ma mère m’a offert un abonnement au gym, et je crois que ça a changé ma vie » , dit Lauralie Chapados. Outre son physique, jour après jour, la jeune femme a bâti sa confiance en soi.
« J’aime être organisée et disciplinée », précise l’athlète de Beloeil. Des qualités essentielles pour performer dans ce sport qui n’accepte aucun écart. « Il y a un aspect génétique évident, mais il faut aussi démontrer énormément de discipline, de motivation et de constance », dit Maxime Caron, son entraîneur et conjoint.
Lauralie Chapados excelle depuis ses débuts. À 18 ans, elle rafle les premières places des régionaux et des provinciaux auxquels elle participait. À 19 ans, déjà, elle obtenait sa carte comme athlète professionnelle de la Fédération internationale de bodybuilding et fitness (IFBB). La voilà à 22 ans « vice-championne du monde » en bikini fitness, la catégorie la plus populaire — et conséquemment compétitive — du culturisme.
À LA RECHERCHE DE LA « PERFECTION »
« Des épaules sculptées, une petite taille affinée et des fessiers musclés », résume Lauralie, lorsqu’on la questionne sur les attributs physiques recherchés par les juges. Depuis deux ans, la Fédération a raffiné ses critères vers des éléments plus naturels, veillant à supprimer toutes tendances à des chirurgies « aidantes ».
« Mon entraînement cherche à développer mes muscles d’une façon esthétique. Je travaille d’abord en hypertrophie, entre 12-15 répétitions, et j’alterne les groupes musculaires », explique Lauralie. Le lundi, ischio-jambiers et fessiers, le mardi, épaules et pectoraux, par exemple. Et il y a l’activité aérobique, fréquemment mais modérément.
« Le cardio ne doit pas être intense! C’est plus ou moins une activation d’une trentaine de minutes. En entraînement, on travaille en isolation, muscle par muscle, en s’attardant à la façon qu’ils sont sollicités. On cherche à éviter les déséquilibres, mais aussi à développer des muscles qui auront une belle forme », dit son entraîneur.
Il faut aussi se reposer, beaucoup ! « Le manque de sommeil, et conséquemment le cortisol dans le corps, il n’y a rien de pire sur le physique », dit Maxime. Bien sûr, il faut manger, et aussi beaucoup, ce qui peut d’abord surprendre lorsqu’on voit les physiques à tout juste 10 % de gras des athlètes féminines de Fitness.
« Je mange entre 2000 et 2500 calories par jour, mais celles-ci proviennent de bonnes sources », dit Lauralie Chapados. La Québécoise ne jure d’ailleurs que par une alimentation 100 % naturelle, sans suppléments, une rareté dans le milieu. « On doit acheter une centaine d’oeufs par semaine », dit Maxime
UN SPORT EN ÉVOLUTION
Après des décennies où des athlètes évoluaient en accumulant un volume de masses musculaires extraordinaire — parfois contestable —, la Fédération internationale de body building et de fitness a revu ses critères d’évaluation pour valoriser les candidats plus « classiques » (en somme, plus « naturels ») . De nouvelles épreuves ont aussi été développées, dont le Physique et le Classique physique chez les hommes, et l’épreuve de Bikini chez les femmes, en 2012. D’autres ont disparu, notamment l’épreuve féminine de bodybuilding de Mr Olympia.
« Il n’y avait pas assez de concurrentes, mais c’est aussi une question de ne pas endosser involontairement des pratiques comme l’utilisation d’anabolisants », croit Maxime Caron.
Lauralie Chapados souhaite se concentrer sur l’épreuve bikini fitness, plutôt qu’aspirer aux catégories de Figure ou Physique. « Je ne crois pas que mon corps pourrait développer une plus grande masse naturellement, et ce n’est pas non plus ce que je souhaite », dit l’athlète de 22 ans. En début de carrière, elle vise maintenant à maintenir et entretenir sa forme. « Cela ne demande toutefois pas moins de travail ! », résume Lauralie Chapados.