Le Journal de Montreal

Une dernière saison pour Erik Guay

Rétabli de ses maux de dos, le skieur québécois Erik Guay s’offre une autre saison

- ALAIN BERGERON

Si son dos tient le coup, Erik Guay pourrait nous rejouer l’un des scénarios de Hollywood auxquels il nous a habitués en effectuant le retour de l’année. Une liste de « si » va toutefois dicter la suite de son projet.

Champion du monde en titre du super-G et vice-champion de la descente, le skieur canadien le plus décoré de l’histoire de la Coupe du monde de ski alpin a comme objectif de relancer sa carrière, près d’un an après avoir abandonné en cours de saison en raison d’une inflammati­on au dos.

À 37 ans, sa santé retrouvée et une confiance modérée l’autorisent à reprendre ses ambitions de gamin et à envisager de participer à l’ensemble des épreuves de vitesse de la prochaine saison.

« Plusieurs choses vont le déterminer. Premièreme­nt, on verra si j’ai mal au dos ou quelque part sur le corps et que je ne passe pas au travers. Ce n’est pas amusant de faire une compétitio­n quand tu ne te sens pas prêt à pousser. »

« Ce sera la même chose mentalemen­t. Si je sens que je suis craintif, ça va être le temps de passer à autre chose. Pour gagner en Coupe du monde, il faut bien se sentir pour pousser la limite. Il faut être prêt à prendre les risques nécessaire­s pour gagner », nous a confié l’athlète de Mont-Tremblant, hier midi, attablé dans un restaurant de Montréal.

DE LA PROLOTHÉRA­PIE EFFICACE

Guay avait renoncé aux Jeux olympiques de Pyeongchan­g à 10 jours de la cérémonie d’ouverture, avec comme argument qu’il lui était impossible d’adopter la position de recherche de vitesse. Cette décision mettait ainsi fin à une saison qui n’en fut pas vraiment une.

Après s’être désisté de Lake Louise, il avait ensuite fait l’impasse sur la Coupe du monde de Beaver Creek afin de se réserver pour Val Gardena à la mi-décembre, où il avait terminé 12e au super-G. À la descente du lendemain, une douleur soudaine au dos l’avait fait abdiquer durant la course.

Le skieur québécois dit vivre sans douleur depuis qu’il s’est prêté, au printemps dernier, à des séances de prolothéra­pie, une technique d’injections répétées d’un agent irritant visant à renforcer les ligaments. La musculatio­n en salle d’entraîneme­nt l’a ensuite rassuré, ainsi que différents stages sur neige tenus en Suisse durant les deux derniers mois.

PLUS COMPLEXE QUE PRÉVU

La sagesse l’amène cependant à contenir son enthousias­me. Il se voit à la première descente de la saison à Lake Louise, le 24 novembre. Mais il préfère y aller de semaine en semaine. Une blessure peut surgir à nouveau, selon lui, d’autant plus que les chronos enregistré­s à l’entraîneme­nt lui ont rappelé un certain retard dans son programme de retour.

« Je n’ai pas de doutes. Par contre, à date, ça a été plus complexe que je pensais. Étant donné que je n’ai plus mal au dos, je pensais que la vitesse allait revenir tout de suite, mais ce n’est pas le cas. Je me donne encore un peu de latitude », affirme l’auteur de 231 départs en Coupe du monde, qui commence de plus en plus à peser l’équilibre entre la famille et son travail.

« Il faut que ce soit encore amusant. Si je n’ai plus de plaisir à le faire, il n’y aura pas de raison de demeurer dans une situation comme celle-là. J’aime encore ça, mais ça devient de plus en plus complexe. Auparavant, j’avais toujours hâte de partir à ski. Cet été, j’avais hâte aussi, mais dès que j’arrive en Europe, après quatre ou cinq jours, la famille commence à me manquer. C’est pire qu’avant. »

Il y a plus que le dos en cause. Son coeur aussi...

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 ?? PHOTO AGENCE QMI, SÉBASTIEN ST-JEAN ?? Sans douleur au dos, Erik Guay tente le coup pour une dernière saison en Coupe du monde de ski alpin. « Je pars avec l’objectif de finir la saison parce que je suis le genre à finir ce que j’entreprend­s, mais je ne veux pas pousser la limite au point d’avoir des séquelles à long terme », assure-t-il.
PHOTO AGENCE QMI, SÉBASTIEN ST-JEAN Sans douleur au dos, Erik Guay tente le coup pour une dernière saison en Coupe du monde de ski alpin. « Je pars avec l’objectif de finir la saison parce que je suis le genre à finir ce que j’entreprend­s, mais je ne veux pas pousser la limite au point d’avoir des séquelles à long terme », assure-t-il.

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