La Russie accusée de cyberattaques mondiales
Les Pays-Bas affirment avoir expulsé quatre espions qui seraient liés au Kremlin
LA HAYE, Pays-Bas | (AFP) Les puissances occidentales ont accusé hier la Russie d’orchestrer une série de cyberattaques mondiales, dont une tentative de piratage du siège de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) aux Pays-Bas, qui ont annoncé avoir expulsé quatre espions russes.
Dans une ambiance digne de la guerre froide prévalant depuis l’empoisonnement en mars au Royaume-Uni de l’exagent double russe Sergueï Skripal, la justice américaine a parallèlement annoncé l’inculpation de sept membres du renseignement militaire russe (GRU), parmi lesquels figurent ceux expulsés par les Néerlandais.
Le tout dans le cadre d’une campagne mondiale de cyberattaques attribuée au Kremlin et dénoncée par les Pays-Bas, la Grande-Bretagne, le Canada, l’Australie et la France.
Les autorités néerlandaises ont révélé comment les agents russes avaient positionné un véhicule truffé d’équipements électroniques sur le stationnement d’un hôtel proche du siège de l’OIAC à La Haye dans le but de pirater à distance son système informatique.
« ACTE DE PROPAGANDE »
Cela s’est passé en avril, au moment où cette organisation enquêtait sur l’affaire Skripal et sur une attaque chimique présumée à Douma en Syrie, imputée par les Occidentaux aux forces gouvernementales syriennes soutenues par Moscou. Les Pays-Bas n’ont pas officiellement établi un lien entre la tentative de piratage et ces deux enquêtes de l’OIAC.
La Russie a dénoncé « un acte de propagande », ajoutant que « cette campagne antirusse d’espionnite aiguë » portait « atteinte aux relations bilatérales ».
Les services secrets néerlandais et britanniques ont trouvé dans la voiture des agents russes un ordinateur portable et une facture de taxi pour une course du siège du GRU à l’aéroport Cheremetievo de Moscou, a précisé la ministre néerlandaise de la Défense, Ank Bijleveld.
L’ordinateur portable retrouvé présentait en outre des signes de connexion aux réseaux du Brésil, de la Suisse et de la Malaisie, et pour ce dernier pays en liaison avec l’enquête sur la destruction en 2014 de l’avion du vol MH17 au-dessus de l’Ukraine.
Pour la première fois, le Kremlin a été aussi spécifiquement mis en cause hier par Londres dans les cyberattaques mondiales, qui l’accuse par ailleurs d’être responsable de l’empoisonnement de l’ex-agent double Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia le 4 mars à Salisbury (sud-ouest de l’Angleterre).
Le mois dernier, les Suisses avaient fait état d’une tentative de cyberattaque contre le bureau régional européen de l’Agence mondiale antidopage à Lausanne.
OTTAWA | (AFP) L’agence mondiale antidopage (AMA), basée à Montréal, a fait l’objet d’une cyberattaque dont le renseignement militaire russe (GRU) est « fort probablement responsable », a annoncé hier Ottawa.
L’AMA et le Centre canadien pour l’éthique dans le sport (CCES, chargé de la lutte antidopage au Canada) ont été visés en 2016, a déclaré le ministère canadien des Affaires étrangères.
« Aujourd’hui, le Canada joint sa voix à celles de ses alliés pour dénoncer une série de cyberopérations malveillantes réalisées par l’armée russe », poursuit le communiqué, alors que les PaysBas, l’Australie, la Grande-Bretagne, l’OTAN et l’Union européenne accusent également Moscou de cyberattaques.
PAS UNE PREMIÈRE
En 2016, l’AMA, agence internationale indépendante, « a révélé que le groupe de pirates informatiques Fancy Bear / APT28 avait divulgué des renseignements confidentiels sur des athlètes sur son site web », détaille le gouvernement. « Le groupe avait obtenu illégalement ces renseignements en piratant le système d’administration et de gestion de l’AMA. »
La même année, le Centre canadien pour l’éthique dans le sport, « a été compromis par un logiciel malveillant qui a permis d’accéder sans autorisation au réseau du Centre », poursuit le ministère.
Dans ces deux cas, « le gouvernement du Canada estime que le GRU est fort probablement responsable de ces actions ».
L’AMA a décidé le mois dernier de réintégrer l’agence russe antidopage, suspendue depuis novembre 2015 pour son implication dans le système de dopage d’État dans le sport russe entre 2011 et 2015.