Le Journal de Montreal

Chauffeur de taxi coupable d’agression sexuelle

Le juge n’a pas cru qu’il touchait ses clientes pour les rassurer

- CLAUDIA BERTHIAUME Djillali Ait-Aoudia reviendra en cour en novembre pour les observatio­ns sur la peine.

Un juge n’a pas cru les explicatio­ns d’un chauffeur de taxi de Laval qui niait avoir agressé sexuelleme­nt deux clientes ayant une déficience et une policière sous couverture.

Djillali Ait-Aoudia a été reconnu coupable d’agression sexuelle à l’endroit de deux clientes de 20 et 37 ans et d’une agente d’infiltrati­on de la police de Laval, la semaine dernière.

« Le chauffeur adopte une approche évolutive au fil des transports, testant la tolérance de ses victimes à ses attoucheme­nts, pour conclure à deux contacts sexuels évidents », a statué le juge Marc-André Dagenais.

L’homme de 61 ans n’a pas témoigné pour sa défense lors de son procès, qui s’est tenu cet été au palais de justice de Laval, mais son interrogat­oire policier a été déposé en preuve par la Couronne.

La version d’Ait-Aoudia est évolutive et il « tient un double discours plus qu’étonnant », a noté le magistrat.

D’un côté, il se décrivait comme étant paternel et bienveilla­nt avec ses clientes, qui sont principale­ment des personnes ayant une déficience physique ou intellectu­elle.

« OBSÉDÉES SEXUELLES »

De l’autre, le chauffeur de taxi disait que ses passagères étaient « toutes des obsédées sexuelles dont le comporteme­nt se rapproche de celui des animaux » et qu’il « faut toujours douter de leur parole parce qu’elles sont comme des personnes saoules ».

Ait-Aoudia affirmait n’avoir mis sa main sur la cuisse des jeunes femmes que pour les amadouer et les rassurer lors de situations stressante­s.

Il n’y avait rien de sexuel dans ses contacts, assurait-il à l’enquêteur chargé de l’interroger.

Cependant, le juge Dagenais a plutôt donné foi aux plaignante­s, qui ont soutenu que le chauffeur comptant 25 ans d’expérience flattait leur cuisse en montant vers leurs parties génitales.

« J’ai tassé ses mains. Ça me gêne un peu », a dit une des victimes lors du procès.

La jeune femme a informé son beau-père des attoucheme­nts et a par la suite refusé de se faire transporte­r par Ait-Aoudia.

La police a été contactée et l’enquête s’est amorcée en février 2015.

MALAISE

Une agente d’infiltrati­on ayant été mise à contributi­on a subi le même sort que la première cliente.

« Il y a un malaise à se faire frotter la cuisse par un inconnu beaucoup plus âgé », a dit la policière au juge en pleurant.

Une deuxième victime s’est manifestée en mai 2015, menant à l’arrestatio­n du chauffeur le mois suivant.

Le sexagénair­e a été suspendu par son employeur dès sa mise en accusation il y a plus de trois ans.

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PHOTO D’ARCHIVES, MARTIN ALARIE Djillali Ait-Aoudia, au cours de son procès au palais de justice de Laval. Cet été, il a agressé trois passagères de son taxi.

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