Des fraudeurs ciblent les Chinois d’ici
Un nouveau stratagème d’extorsion tente de soutirer des milliers de dollars via des appels en mandarin
OTTAWA | Vous avez reçu un mystérieux appel automatisé en chinois ? Vous êtes victime d’une vaste fraude téléphonique visant à extirper des milliers de dollars de la communauté sino-canadienne.
Depuis quelques mois, le Centre antifraude du Canada (CAC) surveille cette nouvelle tactique d’extorsion qui a déjà fait plusieurs victimes à travers le Québec et le Canada. Ces appels peuvent sembler inoffensifs et irritants pour ceux qui ne parlent pas le mandarin, mais l’histoire est tout autre pour la communauté chinoise.
« Nous sommes au courant des appels d’extorsion qui visent la population chinoise [et] ceux-ci se produisent depuis quelques mois maintenant. Nous avons reçu des plaintes et savons qu’il y a eu des victimes », dit Lisanne Roy Beauchamp, superviseure des opérations du centre d’appel au CAC.
MESSAGE PRÉENREGISTRÉ
Elle ne pouvait toutefois pas chiffrer le nombre de plaintes et de victimes à ce jour.
Essentiellement, les appels proviennent d’un numéro qui semble être un numéro local légitime. Or, en décrochant, le répondant entend un message préenregistré qui l’avertit qu’il fait l’objet d’une enquête en Chine. Pour finir, les fraudeurs disent à la victime que si elle ne paye pas des milliers de dollars, elle sera arrêtée ou pourrait même être expulsée du Canada.
« Les fraudeurs cherchent à intimider le consommateur pour qu’il envoie de l’argent dans les buts d’innocenter son nom et d’éviter des problèmes juridiques », explique Mme Roy Beauchamp.
Le Journal a parlé à plusieurs intervenants de divers milieux au sujet de cette fraude. Tous, sans exception, ont dit avoir non seulement entendu parler de ces appels, mais en avoir reçu eux-mêmes. L’auteur de ces lignes en a reçu plusieurs ces dernières semaines.
EN CROISSANCE
Xixi Li, directrice générale du Centre Sino-Québec de la Rive-Sud, constate que le nombre d’appels s’est intensifié au cours du mois de septembre.
Déjà, deux personnes ont indiqué à son organisation qu’elles étaient tombées dans le panneau. Heureusement, elles avaient réussi à mettre fin au transfert bancaire avant de perdre leur argent.
Dans un cas, la victime avait déjà transmis 3000 $ à une banque à Hong Kong lorsqu’on lui a signalé la fraude. L’autre citoyen avait donné les informations d’un de ses comptes bancaires aux fraudeurs.
« Il y a de plus en plus d’immigrants chinois qui sont au Canada et qui ne connaissent pas encore bien le système d’immigration. Donc, ils ont peur lorsqu’on menace leur dossier d’immigration. C’est évident que les fraudeurs visent une population plus vulnérable », explique Mme Li.
« De plus, il y a certains des nouveaux arrivants chinois qui sont un peu plus riches, ce qui les rend encore plus attirants pour les fraudeurs », continue-t-elle.
« IL Y A DE PLUS EN PLUS D’IMMIGRANTS CHINOIS QUI SONT AU CANADA ET QUI NE CONNAISSENT PAS ENCORE BIEN LE SYSTÈME D’IMMIGRATION. DONC, ILS ONT PEUR LORSQU’ON MENACE LEUR DOSSIER D’IMMIGRATION. » – Xixi Li, directrice générale du Centre Sino-Québec de la Rive-Sud