Les attentes sont grandes en éducation
Le gouvernement de la CAQ a fait de nombreuses promesses en la matière et la facture s’annonce élevée
QUÉBEC | Fraîchement arrivé au pouvoir, le gouvernement Legault aura beaucoup à faire pour répondre aux attentes du milieu de l’éducation. La liste des promesses est longue et plusieurs questions demeurent. Quel financement sera notamment réservé à l’ajout de services aux élèves en difficulté ? La facture pourrait être beaucoup plus élevée que prévu, préviennent des experts.
DÉPISTAGE PRÉCOCE DES TROUBLES D’APPRENTISSAGE
Après avoir misé en campagne électorale sur la création de classes de maternelle 4 ans pour tous, M. Legault a assoupli sa position cette semaine. Il a ouvert la porte à une collaboration avec les centres de la petite enfance (CPE) et les garderies pour parvenir à dépister plus rapidement les troubles d’apprentissage chez les enfants, qui sera sa priorité à court terme. Reste à voir si les services seront au rendez-vous, souligne Égide Royer, professeur en adaptation scolaire à l’Université Laval. « Ça ne sert à rien de dépister si on n’offre pas de services par la suite », lance-t-il.
PLUS DE SERVICES POUR LES ÉLÈVES EN DIFFICULTÉ
La CAQ s’est engagée à embaucher davantage d’orthopédagogues, d’orthophonistes et de psychoéducateurs pour venir en aide aux élèves en difficulté, évoquant des « centaines » d’embauches. Ces investissements supplémentaires sont toutefois totalement absents du cadre financier dévoilé récemment, qui prévoit une augmentation des dépenses de 3,5 % par année en éducation. Or une telle augmentation représente plutôt le statu quo, selon la Fédération des commissions scolaires, puisque cette hausse permet tout juste de couvrir l’augmentation des coûts déjà prévus dans le réseau scolaire.
Le nouveau gouvernement Legault devra augmenter les dépenses en éducation d’au moins 4,5 % pendant quatre ans pour respecter ses engagements, affirme Martin Maltais, professeur spécialiste du financement et des politiques d’éducation à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR). « Sinon, ce n’est pas jouable », lance-t-il.
CONSTRUIRE « LES PLUS BELLES ÉCOLES DU MONDE »
En campagne électorale, François Legault a affirmé qu’il voulait que les écoles québécoises deviennent « les plus belles au monde ». Chaque nouvel établissement à bâtir fera l’objet d’un concours d’architecture, a-t-il indiqué. Or la CAQ prévoit investir au moins 1,2 milliard $ par année pour la construction, l’agrandissement et la rénovation d’écoles, alors que le gouvernement Couillard avait investi près de 1,6 milliard $ à ce chapitre au cours de la dernière année. Chaque projet d’ajout d’espace ou de rénovation devra prévoir l’ajout de classes de maternelle 4 ans, selon la CAQ.
ABOLITION DES ÉLECTIONS ET DES COMMISSIONS SCOLAIRES
La CAQ veut abolir les élections scolaires et remplacer les commissions scolaires par des centres de services, intégrés au ministère de l’Éducation. La disparition de la démocratie scolaire ne se fera toutefois pas « à très court terme », a précisé François Legault cette semaine, au lendemain de son élection. Des experts s’entendent aussi pour dire que rien ne presse. Les prochaines élections scolaires sont prévues en 2020.
HAUSSE DE SALAIRE DES NOUVEAUX ENSEIGNANTS
Pour contrer la pénurie d’enseignants et revaloriser la profession, la CAQ a promis d’augmenter le salaire d’entrée des nouveaux profs, en le faisant passer de 45 000 $ à 53 000 $. Cette promesse pourrait refaire surface lors de la prochaine négociation dans le secteur public, puisque la convention collective des enseignants sera échue en mars 2020.
L’ÉCOLE OBLIGATOIRE JUSQU’À 18 ANS
Au début septembre, François Legault a affirmé que cet engagement de longue date était une promesse « moins pressante » que d’autres, a rapporté La Presse au début septembre. Il s’agit toutefois d’une promesse peu coûteuse à mettre en place qui pourrait faire augmenter de 1 à 2 % le taux de diplomation, selon Égide Royer, professeur en adaptation à l’Université Laval.