Le Journal de Montreal

La crise du baseball majeur

La ligue enregistre la plus petite assistance depuis 2003

- Danny Joncas

On accuse souvent le hockey d’être un sport ultraconse­rvateur, tant au niveau de sa réticence à modifier ses règlements qu’en ce qui concerne ses fameuses règles non écrites. Il est également très important que les joueurs fassent preuve de grande humilité, et ce, peu importe la situation.

Mais croyez-le ou non, il y a pire. Il aura fallu des années de discussion­s avant que le baseball majeur introduise les reprises vidéo, tout récemment. Et en matière de règles non écrites, le baseball en comporte une longue liste.

Par exemple, voler un but ou y aller d’un amorti alors que votre équipe dispose d’une confortabl­e avance assure pratiqueme­nt que le prochain joueur dans l’ordre des frappeurs sera délibéréme­nt atteint par le lanceur adverse.

Quant au pire crime que peut commettre un frappeur, soit celui d’observer et d’apprécier un coup de circuit un peu trop longtemps, il est punissable d’une balle rapide dans le dos dans un avenir pas très lointain.

Et si le frappeur en question a eu le malheur de lancer son bâton, geste mieux connu sous le terme bat flip, cette fameuse balle rapide visant à réprimande­r le fautif risque plutôt d’être à la hauteur de la tête.

Ces règles non écrites et cette interdicti­on d’exprimer de l’émotion et de l’enthousias­me ont fait en sorte que les gens ont tourné le dos au baseball. C’est surtout le cas chez la clientèle plus jeune.

À preuve, les données préliminai­res de la saison régulière qui vient de se conclure illustrent que, pour la première fois depuis 2003, moins de 70 millions de spectateur­s ont assisté à un match du baseball majeur en personne cette année.

UN CHANGEMENT DE MENTALITÉ QUI S’IMPOSE

Comment faire pour convaincre les dirigeants et propriétai­res d’équipes du baseball majeur de délaisser les vieilles pratiques et de mieux promouvoir leurs joueurs et leur produit ? La réponse est simple : menacer de faire fondre leurs profits.

En cessant de regarder les matchs à la télé et d’assister aux rencontres, les amateurs ont manifesté le désir que le baseball entre dans l’ère moderne.

Pendant que la NFL et la NBA ne cessent de croître en popularité et engrangent des revenus records en mettant leurs jeunes vedettes à l’avant-plan, le baseball stagne.

Pourtant, ce ne sont pas les jeunes vedettes dynamiques qui manquent. Le baseball majeur aurait tout à gagner en misant sur ses Mike Trout, Bryce Harper, Clayton Kershaw, Aaron Judge et Ronald Acuna Jr., et en leur permettant de vendre le sport auprès d’une nouvelle clientèle.

Le message des partisans semble d’ailleurs avoir été entendu puisque pour les présentes séries, le baseball majeur a produit une publicité qui ne cesse de faire jaser sur les médias sociaux et dans les médias traditionn­els.

Avec Ken Griffey Jr. comme narrateur, la publicité montre les Acuna, Yasiel Puig et Javier Baez célébrer des circuits, initiative surprenant­e pour un milieu si conservate­ur.

Serait-ce la preuve que la langue que comprennen­t le mieux les propriétai­res d’équipes est la langue de l’argent ?

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