Ne pas rater une opportunité
Après avoir travaillé pour une compagnie aérienne, il crée un service pour voyageurs
Jacob Charbonneau prouve que le succès en affaires est aussi une question d’avoir la bonne idée au bon moment.
On peut chercher longtemps son idée d’entreprise, mais, parfois, elle se présente à nous comme sur un plateau d’argent. Encore faut-il savoir la reconnaître. Jacob Charbonneau, lui, a su la saisir.
Après avoir travaillé pendant plusieurs années chez un transporteur aérien et fait une brève incursion dans les télécommunications, il a décidé de fonder Vol en retard, qui aide les passagers à réclamer une indemnisation aux compagnies aériennes lorsque leur vol est retardé, annulé ou que leurs bagages sont perdus.
L’idée lui est venue alors qu’il étudiait au MBA. « Un de mes collègues au MBA avait connu une mauvaise expérience quand son avion a décollé avec plusieurs heures de retard. Je lui ai conseillé de faire une demande d’indemnisation, ce qu’il a fait, mais elle lui a été refusée. Il y avait pourtant droit », raconte Jacob Charbonneau, qui était expert en contrôle qualité chez Transat.
Il se dit qu’il y a là une occasion d’affaires à ne pas rater. Il s’associe avec Yanouk Poirier, un autre collègue du MBA, pour démarrer « la première entreprise du genre au Canada ».
« Un très faible pourcentage de gens exercent leurs droits pour recevoir une compensation financière auprès d’un transporteur, soit à peine 2 % », ajoute-t-il.
Ils laissent ainsi des centaines de dollars sur la table, souvent par méconnaissance ou parce qu’ils ne se sentent pas armés pour se battre contre un transporteur.
UN SUCCÈS RAPIDE
Le projet d’entreprise a pris forme rapidement. Les associés ont adopté un modèle d’affaires « sans risque » pour les utilisateurs. Si le voyageur lésé obtient gain de cause, Vol en retard retient 25 % du montant obtenu. Si la demande est refusée, il ne paie rien.
Avec un taux de succès des réclamations de 96 %, Vol en retard a remis plus de 1 M$ à ses clients depuis ses débuts, à l’été 2016, selon Jacob Charbonneau.
Même dans leur scénario le plus optimiste, les associés n’avaient pas anticipé une croissance aussi rapide de la demande. En l’espace d’un an, Vol en retard a reçu plus de 2000 demandes d’indemnisation par le biais de son site internet.
« L’entreprise a décollé en flèche, raconte Jacob Charbonneau. Ces derniers mois, j’ai appris en accéléré sur plusieurs aspects, le marketing, la stratégie numérique, le recrutement. Il a fallu rapidement s’organiser. »
En plus de leur apport personnel, les associés ont fait appel à des anges financiers pour assurer le développement de Vol en retard.
L’entreprise établie à Brossard emploie actuellement une dizaine de personnes en plus de collaborateurs externes. Les dirigeants ont su aussi bien s’entourer en se dotant d’un conseil d’administration avec des membres au profil diversifié. « On profite ainsi d’un réseau d’experts qui constitue une base solide pour l’organisation. »
UN MARCHÉ PRÊT À EXPLOSER
Le rythme de croissance est loin de s’essouffler pour Vol en retard. Avec les récentes modifications à la Loi sur les transports au Canada qui renforce le droit des passagers à exercer un recours contre leur transporteur, Jacob Charbonneau prévoit plutôt « une explosion du marché ».
Sa vie a beaucoup changé depuis 2016. Il voyage moins souvent, travaille de longues heures, mais malgré les hauts et les bas du quotidien de l’entrepreneur, il ne regrette pas sa décision de s’être lancé en affaires.
« Mes aspirations professionnelles sont comblées. C’est gratifiant de bâtir quelque chose, surtout quand on vient en aide aux gens. Cela fait vraiment partie de notre mission d’entreprise », conclut Jacob Charbonneau, qui est père pour la deuxième fois depuis quelques semaines.