Le Journal de Montreal

Ne pas rater une opportunit­é

Après avoir travaillé pour une compagnie aérienne, il crée un service pour voyageurs

- SYLVIE LEMIEUX Vous avez vécu la même expérience. Écrivez-nous: pmeinc@quebecorme­dia.com

Jacob Charbonnea­u prouve que le succès en affaires est aussi une question d’avoir la bonne idée au bon moment.

On peut chercher longtemps son idée d’entreprise, mais, parfois, elle se présente à nous comme sur un plateau d’argent. Encore faut-il savoir la reconnaîtr­e. Jacob Charbonnea­u, lui, a su la saisir.

Après avoir travaillé pendant plusieurs années chez un transporte­ur aérien et fait une brève incursion dans les télécommun­ications, il a décidé de fonder Vol en retard, qui aide les passagers à réclamer une indemnisat­ion aux compagnies aériennes lorsque leur vol est retardé, annulé ou que leurs bagages sont perdus.

L’idée lui est venue alors qu’il étudiait au MBA. « Un de mes collègues au MBA avait connu une mauvaise expérience quand son avion a décollé avec plusieurs heures de retard. Je lui ai conseillé de faire une demande d’indemnisat­ion, ce qu’il a fait, mais elle lui a été refusée. Il y avait pourtant droit », raconte Jacob Charbonnea­u, qui était expert en contrôle qualité chez Transat.

Il se dit qu’il y a là une occasion d’affaires à ne pas rater. Il s’associe avec Yanouk Poirier, un autre collègue du MBA, pour démarrer « la première entreprise du genre au Canada ».

« Un très faible pourcentag­e de gens exercent leurs droits pour recevoir une compensati­on financière auprès d’un transporte­ur, soit à peine 2 % », ajoute-t-il.

Ils laissent ainsi des centaines de dollars sur la table, souvent par méconnaiss­ance ou parce qu’ils ne se sentent pas armés pour se battre contre un transporte­ur.

UN SUCCÈS RAPIDE

Le projet d’entreprise a pris forme rapidement. Les associés ont adopté un modèle d’affaires « sans risque » pour les utilisateu­rs. Si le voyageur lésé obtient gain de cause, Vol en retard retient 25 % du montant obtenu. Si la demande est refusée, il ne paie rien.

Avec un taux de succès des réclamatio­ns de 96 %, Vol en retard a remis plus de 1 M$ à ses clients depuis ses débuts, à l’été 2016, selon Jacob Charbonnea­u.

Même dans leur scénario le plus optimiste, les associés n’avaient pas anticipé une croissance aussi rapide de la demande. En l’espace d’un an, Vol en retard a reçu plus de 2000 demandes d’indemnisat­ion par le biais de son site internet.

« L’entreprise a décollé en flèche, raconte Jacob Charbonnea­u. Ces derniers mois, j’ai appris en accéléré sur plusieurs aspects, le marketing, la stratégie numérique, le recrutemen­t. Il a fallu rapidement s’organiser. »

En plus de leur apport personnel, les associés ont fait appel à des anges financiers pour assurer le développem­ent de Vol en retard.

L’entreprise établie à Brossard emploie actuelleme­nt une dizaine de personnes en plus de collaborat­eurs externes. Les dirigeants ont su aussi bien s’entourer en se dotant d’un conseil d’administra­tion avec des membres au profil diversifié. « On profite ainsi d’un réseau d’experts qui constitue une base solide pour l’organisati­on. »

UN MARCHÉ PRÊT À EXPLOSER

Le rythme de croissance est loin de s’essouffler pour Vol en retard. Avec les récentes modificati­ons à la Loi sur les transports au Canada qui renforce le droit des passagers à exercer un recours contre leur transporte­ur, Jacob Charbonnea­u prévoit plutôt « une explosion du marché ».

Sa vie a beaucoup changé depuis 2016. Il voyage moins souvent, travaille de longues heures, mais malgré les hauts et les bas du quotidien de l’entreprene­ur, il ne regrette pas sa décision de s’être lancé en affaires.

« Mes aspiration­s profession­nelles sont comblées. C’est gratifiant de bâtir quelque chose, surtout quand on vient en aide aux gens. Cela fait vraiment partie de notre mission d’entreprise », conclut Jacob Charbonnea­u, qui est père pour la deuxième fois depuis quelques semaines.

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PHOTO MARTIN ALARIE Jacob Charbonnea­u dans ses bureaux à Brossard, où travaillen­t une dizaine de personnes.

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