Le Journal de Montreal

Elle attend pour donner son rein à sa fille

- VINCENT LARIN

Avec la fermeture de la Maison Kangourou, une mère de famille monoparent­ale s’inquiète de ne pas trouver d’endroit où loger ses enfants lorsqu’elle devra passer quelques jours à l’hôpital après avoir donné un rein à l’une de ses filles.

La fille de Johanne Kreiter, Francesca, 23 ans, a perdu l’usage de ses reins il y a cinq ans après une méningite sévère. Depuis, la jeune femme doit subir des séances de dialyse trois fois par semaine à l’hôpital de Saint-Jean-sur-Richelieu.

Confrontée aux difficulté­s éprouvées par sa fille au quotidien, la femme de Bouchervil­le a décidé de lui donner elle-même l’un de ses reins.

Mais la mère de six enfants se dit préoccupée de ne pas avoir d’endroit où elle pourra laisser ses trois plus jeunes, âgés de 7, 9 et 15 ans, le temps de se remettre de l’opération, ce qui pourrait prendre trois ou quatre jours.

« Ma fille la plus âgée a une garderie, mon autre fils est en colocation, ma mère est décédée, mon père habite loin et est malade », énumère Mme Kreiter.

Devant cette absence de solution, les autorités médicales l’ont référée à une liste d’organismes qui pouvaient potentiell­ement héberger ses enfants.

SÉCURITÉ D’ABORD

Elle dit s’être tournée vers la Maison Kangourou, puisque c’était le seul endroit qui lui convenait, et ce, même si la résidence est située de l’autre côté du fleuve, dans l’arrondisse­ment de Mercier–Hochelaga-Maisonneuv­e.

« Pour moi, l’important est qu’ils soient en sécurité », explique Mme Kreiter.

Mais en raison d’un récent dégât d’eau, l’organisme n’était pas en mesure d’accueillir ses enfants, au grand dam de sa fondatrice, Josée Fortin.

Mme Kreiter craint donc de devoir reporter l’interventi­on qui lui permettrai­t d’aider sa fille jusqu’à ce qu’elle trouve un autre endroit, ce qui est loin d’être assuré.

« Je sais plus vers où me virer », soupire-t-elle, émue.

RISQUES DE COMPLICATI­ONS

« Je crains les complicati­ons, mais j’ai encore plus hâte de pouvoir retrouver une vie normale, d’aller aux études à temps plein », indique aussi sa fille, Francesca.

La situation est d’autant plus pressante que les risques de complicati­on pour la jeune femme augmentent après cinq ans, selon les autorités médicales, un délai qui est déjà passé.

« Ce n’est pas normal qu’il n’y ait pas plus d’endroits comme ça et qu’ils ne soient pas davantage financés », déplore la mère de famille.

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