Le Journal de Montreal

LES RADARS PHOTO MOBILES AVARES DE TICKETS

Ils ont récolté 11 M$ de moins qu’en 2016

- PIERRE-PAUL BIRON

QUÉBEC | Même si vous croisez un radar photo mobile sur les routes de la province, il est fort possible que vous profitiez d’un congé de ticket, car les appareils du ministère ont rapporté 11 M$ de moins cette année qu’en 2016.

Après une pause forcée par une décision du juge Serge Cimon qui invalidait les contravent­ions depuis novembre 2016, Québec avait promis que les radars photo reprendrai­ent du service au cours de l’été.

Des modificati­ons au Code de la sécurité routière et des changement­s législatif­s ont d’ailleurs été mis en place depuis pour contourner l’arrêt Cimon.

Mais force est d’admettre que la récolte des radars mobiles demeure bien modeste malgré tous ces efforts qui ont pourtant permis la reprise des contravent­ions pour les radars fixes et ceux installés aux feux rouges.

Entre le 30 juin et le 31 août dernier, soit lors des deux mois d’été, les 210 zones où peuvent être installés des appareils mobiles ont compilé un maigre total de 268 contravent­ions, pour une récolte de 48 859 $.

À titre de comparaiso­n, sur la même période en 2016, les radars mobiles avaient permis à Québec d’engranger pas moins de 5,9 M$.

SEPT EMPLACEMEN­TS SEULEMENT

Depuis le début de l’année 2018, ce sont seulement sept emplacemen­ts mobiles dispersés à travers la province qui ont donné au moins un constat d’infraction.

Ces chiffres veulent donc dire que 203 emplacemen­ts potentiels de radars photo mobiles n’ont pas donné un seul ticket depuis le début de l’année. Pourtant, le ministère des Transports (MTQ) et les corps policiers assurent que les appareils sont toujours déployés sur les routes.

« Les gens s’exposent toujours à avoir une contravent­ion parce que les opérations se poursuiven­t. Les appareils sont là, la switch est à on partout », affirme Guillaume Paradis, porte-parole du MTQ. Les autorités ont 30 jours après l’infraction pour faire parvenir la contravent­ion au contrevena­nt.

TRAITEMENT DE LA PREUVE DIFFICILE

Pour expliquer les raisons de ce fonctionne­ment au ralenti, le MTQ explique que c’est l’adaptation aux changement­s législatif­s qui est plus longue que prévu.

« On n’a pas repris le rythme. Oui on avait dit l’été, et là c’est l’automne, mais on veut faire les choses correcteme­nt. On a quand même monté au cours des derniers mois, ça monte tranquille­ment », indique M. Paradis, expliquant que c’est au Centre de traitement de la preuve que le processus accroche.

« Ils continuent d’amasser des données, mais c’est au traitement de la preuve qu’on ne peut pas traiter tout ce qu’on voudrait actuelleme­nt. »

Du côté des juristes, on croit qu’une incertitud­e entourant les changement­s législatif­s menés par Québec pourrait expliquer le faible nombre de contravent­ions provenant des radars mobiles.

Bref, le gouverneme­nt n’aurait pas repris le rythme pour éviter d’autres problèmes de contestati­on devant les tribunaux.

« Le problème avec les radars mobiles c’est qu’il y a tellement peu de contravent­ions, donc de contestati­ons, qu’on ne sait pas ce qu’ils font. On ne sait pas pourquoi ils n’en émettent plus. On est un peu dans le néant nous aussi », affirme Me Myralie Roussin, avocate criminalis­te, ajoutant qu’elle attend de voir « comment le gouverneme­nt va se comporter ».

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PHOTO LE JOURNAL DE QUÉBEC, DIDIER DEBUSSCHÈR­E Des radars photo mobiles entreposés dans le stationnem­ent du poste de police du secteur Beauport à Québec.

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