Peur bleue à la Maison-Blanche
Je suis en train de lire
Fear, l’ouvrage du journaliste d’enquête Bob Woodward sur la présidence Trump, et c’est pire que tout ce que j’imaginais.
Je savais que l’homme avait un comportement erratique…
Mais à ce point-là ? Jamais.
ZÉRO EN ÉCONOMIE
Un exemple parmi tant d’autres…
Vingt-deux jours après son élection, Donald Trump rencontre Gary Cohn, le grand patron de la banque d’investissement Goldman Sachs, pour parler d’économie avec lui.
(Ses rendez-vous ne durent jamais plus de 10 minutes, car après ce temps, il n’est plus capable de se concentrer. L’homme a la capacité de concentration d’un écureuil sur un « trip » de coke.)
Après trois minutes de conversation, Cohn se rend compte que le président des États-Unis ne sait pas comment l’économie fonctionne.
Il croit que le gouvernement peut imprimer de l’argent quand ça lui tente ! Il ignore qu’une loi empêche le gouvernement de creuser le déficit ! Il ne sait pas comment fonctionne la Réserve fédérale !
Cohn est abasourdi… Comment les républicains ont-ils pu choisir un tel ignare pour les diriger ? Leur parti n’est-il pas censé être le parti de l’économie ?
Après 10 minutes, Trump dit à Cohn : « J’aimerais que tu viennes travailler avec moi. — À quel titre ? demande Cohn. — Secrétaire de la défense. — Non, répond Cohn (qui, en passant, n’a aucune expérience en la matière).
— Alors tu vas être Directeur du renseignement national (l’organisme qui supervise toutes les agences de renseignement, dont la puissante CIA). — Pas intéressé. — Ministre de l’Énergie ? — Non. — Tu sais quoi ? Je vais te nommer Secrétaire du Trésor ! J’ai déjà nommé un gars Secrétaire du Trésor, mais il n’est pas bon », lui lance Trump… alors que le gars en question (qui est blanc comme un drap) est assis à ses côtés ! Cohn refuse de nouveau. « Pense au poste que tu veux, et contacte-moi, lui dit Trump. Je vais te le donner ! »
Cohn dit qu’il veut être à la tête du Conseil économique de la Maison-Blanche.
« Parfait, lui dit Trump. C’est à toi ! »
UNE CATASTROPHE AMBULANTE
Une fois Cohn parti, un conseiller de Trump se tourne vers le président.
« Mais on ne peut pas nommer un homme à un poste aussi important juste après une conversation de 10 minutes, lui dit-il. Surtout un gars qui est un démocrate convaincu et qui a appuyé Hillary Clinton ! Il faut en discuter…
— Bof, lui répond le président. C’est fait, je l’ai embauché. Il va être bon ! »
Gary Cohn ne restera que 15 mois à son poste. Découragé par les décisions mal avisées du président (Trump voulait mettre fin à l’accord de libre-échange avec la Corée du Sud, ce qui aurait eu des conséquences catastrophiques pour les agents du contre-espionnage américains basés à Séoul et pour la sécurité des ÉtatsUnis), il démissionnera avec fracas.
Des anecdotes du genre, il y en a plein dans le livre.
Non seulement Trump n’écoute personne et ne cesse de changer d’idée, mais il ne sait pas comment fonctionne le gouvernement.
C’est bien beau, choisir quelqu’un qui est « hors du système ».
Mais le gars doit savoir ce qu’il fait !