Le Journal de Montreal

Des pertes fiscales de 800 millions $ pour Ottawa

- CATHERINE BOUCHARD

QUÉBEC | Avant même que le cannabis soit légalisé au Canada, un rapport de l’Institut C.D. Howe prévoit déjà des pertes fiscales d’environ 800 M$ lors de la première année de légalisati­on, en raison d’une pénurie d’approvisio­nnement qui sera profitable au marché noir.

Dans le rapport intitulé Cannabis Countdown : Estimating the Size of Illegal Markets and Lost Tax Revenue Post-Legalizati­on – réalisé par Anindya Sen, professeur d’économie à l’Université de Waterloo, et Rosalie Wyonch, analyste politique – il est indiqué que les revenus engendrés par la vente de cannabis légal dans les coffres des deux paliers de gouverneme­nt sont estimés entre 300 et 600 M$, ce qui est nettement inférieur aux pertes anticipées de 800 M$.

Le marché noir de la vente de cannabis sera plus fructueux que le marché licite, et ce dans la première année de légalisati­on du cannabis au Canada, selon les auteurs du rapport.

L’objectif du premier ministre du Canada Justin Trudeau, qui était notamment d’éliminer le marché noir et autres activités criminelle­s associées avec la légalisati­on du cannabis, est donc fortement compromis.

PÉNURIE ENVISAGÉE

« Indépendam­ment de tout écart de prix légal-illégal, un marché noir prospérera clairement si l’offre domestique légale n’est pas en mesure de satisfaire la demande », selon M. Sen.

Ces pertes fiscales sont effectivem­ent calculées en lien avec la pénurie envisagée de cannabis licite. Les auteurs du rapport estiment que, selon le rythme de production actuel de cannabis licite, les producteur­s seront en mesure de répondre seulement à 30 à 60 % de la demande totale au pays.

La lenteur de Santé Canada à émettre des licences de production a été mise de l’avant dans le rapport.

Également, il est rapporté que le gouverneme­nt fédéral et Santé Canada devraient légaliser et encadrer les produits de marijuana comestible­s et concentrés, puisqu’ils sont déjà disponible­s sur le marché noir, ce qui constitue un avantage concurrent­iel significat­if.

Le Journal n’a pas été en mesure d’obtenir des explicatio­ns de la part de Santé Canada, vendredi.

Newspapers in French

Newspapers from Canada