Le pot n’est pas bon pour la santé, rappelle Justin Trudeau
Malgré la légalisation aujourd’hui, il demeure des questions toujours sans réponse
« ON LA FAIT RAISON LA LÉGALISATION, POUR LAQUELLE C’EST PARCE QUE, ACTUELLEMENT, DANS L’ANCIEN SYSTÈME, LES ENFANTS ONT TROP FACILEMENT ACCÈS AU CANNABIS. » –Justin Trudeau, premier ministre du Canada
OTTAWA | Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a cherché à rassurer les Canadiens hier en affirmant que la légalisation du cannabis sert à protéger les enfants.
« La raison pour laquelle on fait la légalisation, c’est parce que, actuellement, dans l’ancien système, les enfants ont trop facilement accès au cannabis », a soutenu le premier ministre devant les journalistes dans les couloirs du Parlement, à Ottawa.
« On n’est pas en train de contrôler le cannabis parce qu’on pense que c’est bon pour la santé. Au contraire, on est en train de contrôler le cannabis parce qu’on sait que ce n’est pas bon pour nos enfants. […] C’est un produit qui n’est pas recommandé », a ajouté M. Trudeau.
Selon le chef du Parti libéral, la légalisation permettra de mieux encadrer la vente de pot et, ce faisant, d’éviter que la drogue se retrouve dans les mains de mineurs.
« On sait que, si on fait comme l’alcool, on réglemente, on contrôle ce qui est dedans et qu’on s’assure qu’aux points de vente, il y a une vérification des cartes d’identité, on peut rendre ça plus difficile pour nos jeunes d’y accéder », a soutenu M. Trudeau.
Par ailleurs, prêt pas prêt, le Canada devient aujourd’hui le premier pays industrialisé du monde à légaliser le cannabis.
Gouvernements, vendeurs et policiers se disent prêts à faire face à cette situation aussi historique qu’unique au monde.
Alors que les fondements de la loi sont clairs, il demeure tout de même plusieurs questions, inconnus et zones grises à éclaircir vis-à-vis de son application à travers villes et provinces.
« On verra », « ça reste à voir » ou « ça dépend de ce que décident de faire les provinces », a-t-on encore entendu hier, donc à la veille du jour J, lors d’une séance technique des hauts fonctionnaires de plusieurs ministères et agences fédérales.
« Il reste encore beaucoup de travail à faire pour atteindre nos objectifs de protection de nos enfants, de déplacement de ce marché illicite, a avoué hier le ministre de la Sécurité frontalière et de la Réduction du crime organisé, Bill Blair. [Aujourd’hui] est une autre étape importante, mais il reste encore beaucoup à faire. »
DES EXEMPLES :
√ Sur les 2000 policiers (réclamés par les forces de l’ordre) qui doivent recevoir une formation d’experts en reconnaissance de drogues (ERD) afin de déceler notamment les chauffards gelés, seulement 833 agents ont complété le cours.
√ Au Québec, le nouveau gouvernement québécois compte proposer une nouvelle loi provinciale qui pourrait avoir des impacts importants sur le marché du cannabis québécois.
√ Le fédéral n’a toujours pas annoncé quand et comment il légalisera certains produits, comme les comestibles, d’ici un an.
CHANGEMENTS À VENIR
Si une chose est certaine au sujet de la légalisation du cannabis, c’est que… rien n’est tout à fait certain.
« La législation change depuis le départ, et on s’attend à ce qu’elle change encore et qu’elle soit adaptée dans les cinq prochaines années, qui seront très, très flexibles [au niveau légal] », a dit la semaine dernière Joelle Maurais, avocate chez le producteur de cannabis Hexo.
« L’industrie bouge très vite et on doit s’adapter très rapidement aux changements proposés. »
Ces propos ont trouvé écho, hier, chez plusieurs représentants de ministères, qui ont admis que plusieurs zones grises et lacunes éventuelles dans la loi pourraient être comblées par voie de règlements dans la prochaine année.
Il faut aussi s’attendre à de nombreuses contestations judiciaires.