Le Journal de Montreal

La partition de Montréal

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ mathieu.bock-cote@quebecorme­dia.com

Il suffit de regarder une carte électorale pour comprendre que Montréal et le reste du Québec ne vivent plus sur la même planète.

Ce n’est pas qu’une question d’idéologie, mais de démographi­e.

Alors que la majorité historique francophon­e se concentre dans les régions et en banlieue, juste à la sortie des ponts, la métropole s’est profondéme­nt transformé­e sous la pression de l’immigratio­n massive.

Les communauté­s qui en sont issues s’inscrivent plus spontanéme­nt dans l’identité canadienne que dans l’identité québécoise.

DIVORCE

Il suffit, pour un Québécois francophon­e, de s’y aventurer pour rapidement comprendre qu’il n’est plus chez lui. Ceux qui y vivent sont en voie de minorisati­on accélérée. Ce n’est pas d’hier, toutefois.

Le divorce entre le Québec et sa métropole s’accentue d’une décennie à l’autre.

Martin Lemay, ancien député péquiste de Sainte-Marie–SaintJacqu­es (2006-2012), et devenu depuis un des observateu­rs les plus perspicace­s de la politique québécoise, aimait dire, dès le milieu des années 2000, que d’ici une vingtaine d’années, le parti souveraini­ste serait complèteme­nt chassé de l’île de Montréal. C’est fait depuis deux semaines.

Il ne s’agit pas d’une simple donnée électorale, mais du symptôme d’une désaffilia­tion politique qui témoigne du ralliement de la métropole à la logique du partitionn­isme. Les deux caquistes élus dans l’est de la ville ne font pas le poids.

On s’en souvient, au moment de la Charte des valeurs, plusieurs figures politiques montréalai­ses importante­s annonçaien­t vouloir y soustraire la métropole. Maintenant, on comprend que la classe politique montréalai­se entend monter aux barricades contre la Charte de la laïcité du gouverneme­nt Legault.

Cette tendance devient aujourd’hui caricatura­le avec l’acharnemen­t malsain de Valérie Plante à refuser d’afficher le drapeau du Québec devant les édifices publics de sa ville, qu’elle prend pour une cité-État dont elle s’est improvisée présidente. Elle devrait revenir sur terre et respecter le protocole le plus élémentair­e.

Anticipons la suite : viendra un jour où la Ville de Montréal trouvera trop pesante la loi 101 et réclamera une exception juridique à grande échelle pour s’y soustraire.

Il est urgent d’inverser cette dynamique de désintégra­tion pour empêcher Montréal de devenir une ville-monde séparée de son pays. Et c’est pour cela que le gouverneme­nt devrait se donner pour mission de réintégrer Montréal dans la nation québécoise.

Cela implique d’abord une chose : renforcer la loi 101 pour s’assurer que le français ne soit pas optionnel dans la plus grande ville de la nation.

DRAPEAU

Mais cela impliquera aussi que le gouverneme­nt Legault ne se laisse pas intimider par les barons de Montréal sur le plan de la laïcité et qu’il soit ferme dans son applicatio­n.

Il est temps de rebâtir un rapport de force à l’avantage du Québec francophon­e, pour éviter que notre pays se casse en deux.

Mais les citoyens devraient aussi participer à la reconquête symbolique de leur ville.

Petit souvenir : il y a une quinzaine d’années, sur des milliers de balcons, on pouvait voir le drapeau québécois fièrement affiché. Il m’arrive de rêver que dans quelques années, il en sera de nouveau ainsi.

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Valérie Plante Il faut réintégrer Montréal au Québec francophon­e.
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