La police fait fermer un bar sur Crescent
Les responsables de l’établissement avaient tenté de camoufler une fusillade survenue en septembre
Un bar montréalais fréquenté par les gangs de rue et dont les responsables ont tenté de camoufler une fusillade survenue à l’intérieur a été forcé de fermer ses portes par crainte d’une flambée de violence.
La Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) a pris cette décision plutôt rare, en urgence, devant les arguments des policiers qui considéraient que le Nuvoo Bar mettait des vies en danger.
Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) avait fait cette demande deux jours après qu’une fusillade et une agression à l’arme blanche furent survenues dans le commerce de la rue Crescent le 15 septembre.
C’est la victime de l’agression, réfugiée quelques rues plus loin, qui avait avisé les autorités tout juste après 3 h.
« Aucun appel au 911 n’a été logé par l’établissement. À l’arrivée des policiers sur les lieux, le nettoyage avait été fait », a expliqué le SPVM devant les régisseurs.
SANG, DOUILLES ET CARTOUCHE
Les agents ont tout de même localisé des taches de sang. Deux douilles, une cartouche et un projectile ont aussi été découverts dans une poubelle.
Le responsable sur place, Dewan Tawfiq, a nié l’événement et n’a offert aucune collaboration, tout comme les autres personnes présentes ce soir-là.
Au cours de leur enquête, les autorités ont également constaté que les caméras de surveillance étaient inopérantes.
D’après la victime, le gérant connaissait les assaillants qui seraient également des clients réguliers.
Ces derniers auraient aussi volé un autre client peu avant l’agression, rapportent les policiers.
Le SPVM a également indiqué qu’une cliente qui avait quitté le bar après la fusillade avait fait feu en direction de la tête d’une autre dame un peu plus tard dans les rues de Montréal.
RISQUE DE VENGEANCE
« Le risque de vengeance ou de réplique est élevé, et l’ouverture du bar constitue un risque pour les employés, les clients et les personnes qui circulent aux alentours », peut-on lire dans la décision de la Régie.
Tawfiq, bien qu’il se soit présenté comme le propriétaire du Nuvoo Bar, ne l’était pas auprès de la RACJ ou au Registre des entreprises. Raihan Hussain, le seul actionnaire légal de la compagnie, n’aurait été que peu présent sur le site.
« Dans les faits, l’endroit est entièrement contrôlé par un tiers criminalisé », soulignent d’ailleurs les régisseurs en citant une longue feuille de route en matière de violence, stupéfiants, introduction par effraction, vol et fraude de Tawfiq.
L’endroit était également fréquenté par des membres de gangs de rue, ont constaté les agents spécialisés du groupe Éclipse.
Au final, les régisseurs ont entériné le 24 septembre la proposition de révoquer les permis d’alcool, fermant définitivement le débit de boisson ouvert en 2016.