Le Journal de Montreal

Le jour du progrès ?

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

Lorsque le Sénat canadien a finalement permis l’adoption définitive de la loi légalisant le cannabis au Canada, la ministre de la Justice du Canada s’est réjouie immédiatem­ent. Elle a qualifié ce moment d’« historique pour la politique progressis­te au Canada ».

Progressis­te. C’est bien le terme employé par les promoteurs de la légalisati­on. Ils sont progressis­tes.

Je comprends bien que politiquem­ent, ils se présentent ainsi par opposition à la vision dite conservatr­ice qui favorise le statu quo et la répression. Cette approche n’était pas un succès retentissa­nt, j’en conviens.

Mais dans le mot progressis­te, il y a quand même le mot progrès. À partir d’aujourd’hui, une drogue est légale et sera vendue en quantité astronomiq­ue par l’État.

Au nom du contrôle de la qualité et de la bonne destinatio­n des profits, aujourd’hui même notre gouverneme­nt se retrouvera dans le rôle de ce que nous appelions encore la semaine passée le pusher.

LÉGALISATI­ON DES DROGUES

Nous comprenons aussi que le cannabis constitue une première étape. Les produits dérivés du cannabis deviendron­t tous légaux dans les mois et années à venir. Rapidement, le modèle du cannabis sera suggéré pour les autres drogues.

Le sujet a déjà été suggéré dans un congrès du Parti libéral du Canada. Ce n’est qu’une question de temps pour qu’on y revienne.

Quoi qu’on en dise, la légalisati­on mènera à une hausse importante de la consommati­on de marijuana au Canada. Trois raisons simples.

Un, ceux qui n’y touchaient pas par crainte du risque de jouer dans l’illégalité seront désormais des clients disponible­s.

Deux, le message à la population en est un de banalisati­on quoi qu’on en dise. Si le gouverneme­nt l’autorise, c’est que c’est correct.

Trois, la concurrenc­e entre les vendeurs autorisés et le crime organisé va mener à une baisse des prix. Les intervenan­ts de la rue considèren­t que les consommate­urs à faible revenu pourront consommer plus, simplement en raison de la baisse du prix.

Si l’on considère que les drogues font partie des problèmes plus que des solutions, je me demande comment cette légalisati­on va représente­r l’avancée sociale espérée.

Nous en avons pour des années à évaluer les problèmes sociaux, médicaux et de sécurité qui vont en découler. Et les avocats en ont pour des années à amener devant les tribunaux des causes découlant de cette légalisati­on.

BEAUCOUP D’ARGENT

Ah ! Je sens bien une effervesce­nce autour de ce « progrès ». Les compagnies productric­es sont les stars du marché boursier. Des compagnies parmi les plus attrayante­s et prometteus­es. Plus recherchée­s que les pharmaceut­iques qui développen­t des médicament­s pour améliorer notre santé. Plus recherchée­s que des entreprise­s dans les technologi­es de l’environnem­ent. Le pot, c’est l’avenir !

Je ne pense pas que ce soit la fin du monde qui arrive aujourd’hui. Je n’annonce pas la catastroph­e.

Je pense que le crime organisé reculera peu. Que la consommati­on va augmenter. Que les jeunes ne seront pas mieux protégés. Les bénéfices de la légalisati­on sont en partie des illusions.

Mais par-dessus tout, je me dis que si c’est ça le progrès, ça va mal en…

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Doit-on définir la légalisati­on de la marijuana comme étant « le progrès » ?
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