En prison à la naissance de son fils
Un juge de Laval a récemment refusé de remettre en liberté un homme accusé de voies de fait graves
Un juge de Laval a été cinglant envers un homme qui aurait sauvagement attaqué un entrepreneur devant une garderie, affirmant sans détour que tenter de « se servir d’un enfant à naître » pour être remis en liberté n’était pas très impressionnant.
Le juge Gilles Garneau a récemment refusé de libérer Marc-Philippe Savard sous caution, prétextant que cela minerait la confiance du public envers la justice.
L’homme de 26 ans est accusé de voies de fait graves à l’endroit d’un entrepreneur de 46 ans, dont on ne peut donner l’identité.
L’agression, qui s’est produite le 9 juillet dernier devant une garderie de Laval, a été filmée par des caméras de surveillance.
On y voit un homme de forte stature arriver en courant, puis asséner un violent coup de poing à la tête de la victime.
Savard a été arrêté un mois plus tard au volant d’un véhicule volé. Il est incarcéré depuis.
Plusieurs détails jusqu’ici méconnus du public ont été révélés récemment lors de son enquête sur remise en liberté, au palais de justice de Laval.
DEVANT SA FILLE
D’abord, la victime aurait été frappée sous les yeux de sa fille de 8 ans.
L’enfant attendait dans la voiture pendant que son père retournait chercher les sandales de celle-ci dans la garderie.
La fillette a vu son père s’effondrer au sol, en convulsions. La victime a passé six semaines dans le coma et est incapable de communiquer depuis son réveil, selon ce qu’a relaté une policière au tribunal.
Il appert également, selon des témoignages, que l’attaque contre l’homme d’affaires aurait été planifiée plusieurs jours plus tôt.
Une photo de la voiture de la victime, prise devant sa résidence, aurait été retrouvée dans le cellulaire de Savard.
De plus, le jour de l’agression, des témoins auraient vu l’accusé attendre pendant plus d’une heure sur un banc et dans un arrêt d’autobus à proximité.
Le suspect n’a pas dit un seul mot lors de son interrogatoire, si bien que le mobile du crime reste encore à déterminer.
CONTRAT DES MOTARDS
Un informateur aurait toutefois indiqué aux enquêteurs que Savard travaillerait pour le compte des motards. Il aurait eu le mandat de faire passer un message à la victime, qui devait de l’argent à certaines personnes, d’après ce qui a été dit à la cour.
La mère de Savard et le père de sa conjointe avaient tous deux offert la somme de 5000 $ pour que celui-ci soit libéré, mais en vain.
« La seule chose qui est importante pour moi, c’est être présent à l’accouchement de ma fiancée [prévu lundi dernier] et de subvenir à leurs besoins [sa conjointe et son fils] », a témoigné l’accusé.
Mais le juge Garneau n’a pas cru à la sincérité de Savard.
« Ça ne m’impressionne pas le fait qu’on se serve d’un enfant à naître pour pouvoir se faire remettre en liberté. Surtout quand c’est un individu qui a déjà un enfant et que ça fait un an qu’il ne l’a pas vu et qu’il n’a fait aucune procédure pour pouvoir le voir », a laissé tomber le magistrat.
Sans dentelles, le juge Garneau a dit à Me Francis Leborgne, de la défense, qu’il « patin[ait] très bien et [qu’il] ne compren[ait] pas qu’[il] n’ait pas été recruté ».
Il a ordonné la détention de l’accusé jusqu’à son procès sans même entendre les arguments de la Couronne.