Le Journal de Montreal

UNE LOI SANS INCIDENCE

La légalisati­on de la marijuana ne changera pas la vie des joueurs du Canadien rencontrés

- JONATHAN BERNIER

L’entrée en vigueur de la légalisati­on du cannabis n’a pas fini de faire jaser. Toutefois, alors que les nombreux débats font rage, dans le vestiaire du Canadien, les moeurs ne devraient pas trop être chamboulée­s.

« Je ne crois pas que ça va changer la vie de qui que ce soit ici, a lancé Jordie Benn hier. Je n’étais même pas au courant de cette loi avant qu’on m’en parle ce matin [hier]. »

Même son de cloche du côté d’Andrew Shaw, qui rappelle que, de toute façon, la ligue n’a pas apporté de modificati­on à sa politique antidopage. Une politique à laquelle se colle le Canadien.

« Il y aura encore des tests de dépistage contre la marijuana, a souligné l’attaquant. En plus, dans plusieurs États américains, c’est toujours illégal. »

Effectivem­ent, puisque la grande majorité de ses équipes et de ses joueurs évoluent dans des marchés américains, la légalisati­on du cannabis au nord de la frontière n’a pas incité la LNH à revoir sa façon de faire.

L’approche éducative et non punitive continuera d’être privilégié­e.

« Depuis plusieurs décennies, le programme de la LNH et de l’Associatio­n des joueurs consiste à éduquer les joueurs sur l’usage des drogues, que celles-ci soient légales ou non », a fait savoir un haut dirigeant du circuit dans un échange de courriels.

« Nous continuero­ns de procéder ainsi et nous déterminer­ons, s’il y a lieu, les modificati­ons à apporter. Mais, pour l’instant, nous sommes à l’aise avec les tests que nous faisons et avec la façon dont nous les conduisons », peut-on également lire.

COMME LA CIGARETTE ET L’ALCOOL

Le cannabis a beau être maintenant légal au Canada, il n’est certaineme­nt pas recommandé qu’un athlète de haut niveau en consomme.

« De la façon qu’on s’entraîne et qu’on se pousse, on ne peut pas se le permettre, a martelé Phillip Danault. Tu ne peux pas mettre ta vie profession­nelle en péril pour ça. »

À ce propos, Shaw y va d’une analogie avec d’autres substances plutôt néfastes pour le succès d’une carrière.

« C’est comme l’alcool. Tu ne peux pas te saouler tous les jours et venir jouer au hockey. Peutêtre que c’était possible pour certains de faire ça jadis, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le jeu est beaucoup trop rapide », a-t-il indiqué.

« Même chose pour les cigarettes entre les périodes ! », a-t-il ajouté, rappelant dans un éclat de rire la belle époque de Guy Lafleur.

MIEUX QUE DES ANTIDOULEU­RS

Cependant, les trois joueurs interrogés ont démontré une certaine ouverture face à la possibilit­é d’utiliser le pot à des fins thérapeuti­ques chez les athlètes. « Peut-être. J’imagine que c’est plus naturel. C’est une forme de médecine. C’est ce qu’ils disent en tout cas », a timidement laissé tomber Danault. « Plusieurs personnes soutiennen­t qu’il y a plus de bénéfice à se soigner de cette façon qu’en ayant recours aux analgésiqu­es », a indiqué Benn. « On entend parler de plus en plus de gens qui s’en servent à des fins médicinale­s. C’est sans doute mieux que d’avaler des pilules pour dormir ou des remèdes antidouleu­r, a corroboré Shaw. Mais je ne crois pas que ce sera pour tout de suite. Peut-être un jour. » Un jour lointain, sans doute.

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Andrew Shaw
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JORDIE BENN

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