Le Journal de Montreal

PAS DE PÉNURIE CHEZ LES MOHAWKS

Des commerces offrent sans retenue du cannabis dans des réserves et territoire­s autochtone­s de la région

- JEAN-FRANÇOIS CLOUTIER ET STÉPHANE SINCLAIR

Pendant que la Société québécoise du cannabis est en rupture de stock, notre journalist­e n’a eu aucune difficulté à trouver du pot de contreband­e à Kahnawake hier.

Pendant que la Société québécoise du cannabis peine à suffire à la forte demande, il est toujours possible de se procurer sans file d’attente et à bon prix du pot dans la réserve de Kahnawake et le territoire autochtone de Kanesatake.

Deux journalist­es du Journal se sont récemment rendus chez les Mohawks pour y acheter du cannabis.

Ils ont été en mesure d’identifier au moins quatre commerces où l’on peut se procurer de l’herbe à un prix bien souvent inférieur à celui de la Société québécoise du cannabis (SQDC), qui est la seule autorisée à vendre cette drogue dans la province.

Dans un magasin à Kahnawake, en Montérégie, nous avons pu faire l’achat de 7 grammes de pot pour 60 $. Nous avons acheté 3,5 g de Purple Kush et 3,5 g de Grape Urkle. Le taux de THC (tétrahydro­cannabinol) se situe entre 24 et 26 % pour une sorte et entre 21 et 22 % pour l’autre.

« On ne vend que de la haute qualité. Only the best ! », a lancé le vendeur en anglais.

À titre de comparaiso­n, un gramme de pot de haute qualité se vend autour de 10 $ à la SQDC et peut atteindre un taux de THC de 28 %.

À Kanesatake, dans les Laurentide­s, on a payé 10 $ pour 1,5 g de marijuana et 15 $ pour 1,6 g de haschich.

Selon plusieurs témoignage­s recueillis, l’établissem­ent de Kahnawake vend du pot depuis plusieurs mois sous prétexte d’offrir du cannabis médicinal. Pourtant, aucune prescripti­on ne nous a été demandée.

RÉCRÉATIF

À Kanesatake, Le Journal a découvert qu’un troisième commerce avait depuis peu commencé à vendre du pot. Nous avons pu y faire l’achat de cannabis de marque Death Bubba et de haschich du Cachemire.

Depuis l’ouverture du Mohawk Gaz Bar à Kanesatake, dont Le Journal avait révélé l’existence au printemps, deux autres magasins s’affichent maintenant ouvertemen­t.

Une commerçant­e de Kanesatake a présenté plusieurs variétés en expliquant les effets de chacun, un peu comme on le fait à la SQDC.

« Celui-ci va plus vous endormir et vous relaxer », a expliqué la dame.

Les deux personnes présentes parlaient un excellent français et la marchandis­e qu’on y trouvait en quantité y était vendue à des fins récréative­s.

« Celui-ci est excellent, vous allez avoir un bon buzz », a dit la femme avant d’expliquer qu’elle avait aussi du haschich. La dame qui se trouvait derrière le comptoir a présenté deux pots Mason contenant une bonne quantité de haschich en provenance du Maroc et du Pakistan.

PRODUITS ILLÉGAUX

Le hasch, qui est un produit dérivé et concentré du cannabis, est interdit malgré la légalisati­on du pot au pays.

Trois autres clients étaient présents lors du passage du Journal à Kanesatake. Une dizaine d’autres personnes y ont fait un arrêt durant les deux heures suivantes.

Dans un autre magasin, le Big Chief, on vend des graines de plants de pot et on l’affiche. Et ce, malgré le fait que la vente de semences est interdite et que Québec interdise de faire pousser des plants à la maison.

Même s’il est assez facile de découvrir où s’approvisio­nner, plusieurs vendeurs de cigarettes sur la réserve et le territoire autochtone se sont montrés prudents avant de nous indiquer où nous procurer de la marijuana.

Selon nos informatio­ns, la police de Kahnawake, les Peacekeepe­rs, a perquisiti­onné à au moins trois reprises des établissem­ents.

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PHOTOS PIERRE-PAUL POULIN ET COLLABORAT­ION SPÉCIALE,STÉPHANE SINCLAIR Sur la réserve de Kahnawake, notre journalist­e a pu acheter du pot dans ce commerce (ci-contre), tout comme l’a fait un collaborat­eur du Journal à Kanesatake (en mortaise). KAHNAWAKE
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