Le Journal de Montreal

Un nouveau procès pour Charest ?

Même la Couronne concède qu’il n’aurait pas dû être déclaré coupable sur l’ensemble des 37 accusation­s

- MICHAEL NGUYEN

L’ex-entraîneur de ski Bertrand Charest n’aurait jamais dû être déclaré coupable de plus de la moitié des crimes sexuels sur de jeunes athlètes pour lesquels il a écopé de 12 ans de pénitencie­r, a admis la Couronne.

Non seulement le juge du procès a fait des erreurs dans son raisonneme­nt ayant mené à la condamnati­on du coach déchu de 53 ans, mais la poursuite a aussi failli à prouver plusieurs accusation­s qu’elle avait autorisées, peut-on conclure à la lecture du mémoire d’appel de la Couronne déposé en Cour d’appel du Québec.

Les révélation­s d’abus sexuels de Charest sur des athlètes adolescent­es sous sa responsabi­lité, dans les années 1990, avaient récemment secoué le monde du ski. Il entraînait alors les équipes nationale junior féminine et Laurentien­ne, dont faisait partie l’athlète olympique Geneviève Simard.

Elle et d’autres victimes ont depuis effectué une sortie publique, dans le but de poursuivre leur processus de guérison, mais aussi pour réclamer une meilleure protection des jeunes sportifs confiés à leurs entraîneur­s.

APPEL

Mécontent d’avoir été déclaré coupable de 37 accusation­s sur neuf jeunes athlètes, Charest a fait appel du verdict en demandant d’être acquitté, notamment parce qu’il n’est pas un prédateur sexuel tel que l’avait décrit le juge.

« Aucune preuve, ni aucune plaignante, ni aucun expert ne sont venus établir ce fait tout au long du procès qui s’est déroulé devant lui », écrivaient les avocats Louis Belleau et Antonio Cabral dans sa demande d’appel.

Fait extrêmemen­t rare, la Couronne est d’accord sur certains des arguments, selon son mémoire d’appel déposé à la cour.

Ainsi, la poursuite concède qu’il manquait de preuve pour conclure que Charest avait « invité, engagé ou incité les plaignante­s à le toucher ». Le magistrat n’aurait pas non plus dû déclarer Charest coupable d’une agression sexuelle survenue en Nouvelle-Zélande.

D’autres chefs devraient être retirés selon la Couronne, car un accusé ne peut pas être condamné à de multiples accusation­s pour un même événement.

Selon la juge retraitée Nicole Gibeault, il est « extrêmemen­t rare » que la Couronne reconnaiss­e ainsi autant d’erreurs à ce stade-ci des procédures.

« La poursuite reconnaît que des éléments n’ont pas été prouvés, elle est assez honorable pour acquiescer à des arguments de la défense », dit-elle.

Cette reconnaiss­ance de la Couronne pourrait également influencer la condamnati­on de Charest à 12 ans de pénitencie­r, a ajouté Mme Gibeault. C’est la cour d’appel qui tranchera cette question, après avoir décidé si elle accorde, ou non, un nouveau procès à Charest.

 ?? PHOTOS D’ARCHIVES ?? L’ex-coach de ski Bertrand Charest pourrait voir sa peine allégée puisque la Couronne concède qu’il aurait dû être acquitté ou obtenir un nouveau procès, concernant des accusation­s visant entre autres ces quatre victimes. Anna Prchal Gail Kelly Émilie Cousineau AmélieFréd­érique Gagnon
PHOTOS D’ARCHIVES L’ex-coach de ski Bertrand Charest pourrait voir sa peine allégée puisque la Couronne concède qu’il aurait dû être acquitté ou obtenir un nouveau procès, concernant des accusation­s visant entre autres ces quatre victimes. Anna Prchal Gail Kelly Émilie Cousineau AmélieFréd­érique Gagnon
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