Un nouveau procès pour Charest ?
Même la Couronne concède qu’il n’aurait pas dû être déclaré coupable sur l’ensemble des 37 accusations
L’ex-entraîneur de ski Bertrand Charest n’aurait jamais dû être déclaré coupable de plus de la moitié des crimes sexuels sur de jeunes athlètes pour lesquels il a écopé de 12 ans de pénitencier, a admis la Couronne.
Non seulement le juge du procès a fait des erreurs dans son raisonnement ayant mené à la condamnation du coach déchu de 53 ans, mais la poursuite a aussi failli à prouver plusieurs accusations qu’elle avait autorisées, peut-on conclure à la lecture du mémoire d’appel de la Couronne déposé en Cour d’appel du Québec.
Les révélations d’abus sexuels de Charest sur des athlètes adolescentes sous sa responsabilité, dans les années 1990, avaient récemment secoué le monde du ski. Il entraînait alors les équipes nationale junior féminine et Laurentienne, dont faisait partie l’athlète olympique Geneviève Simard.
Elle et d’autres victimes ont depuis effectué une sortie publique, dans le but de poursuivre leur processus de guérison, mais aussi pour réclamer une meilleure protection des jeunes sportifs confiés à leurs entraîneurs.
APPEL
Mécontent d’avoir été déclaré coupable de 37 accusations sur neuf jeunes athlètes, Charest a fait appel du verdict en demandant d’être acquitté, notamment parce qu’il n’est pas un prédateur sexuel tel que l’avait décrit le juge.
« Aucune preuve, ni aucune plaignante, ni aucun expert ne sont venus établir ce fait tout au long du procès qui s’est déroulé devant lui », écrivaient les avocats Louis Belleau et Antonio Cabral dans sa demande d’appel.
Fait extrêmement rare, la Couronne est d’accord sur certains des arguments, selon son mémoire d’appel déposé à la cour.
Ainsi, la poursuite concède qu’il manquait de preuve pour conclure que Charest avait « invité, engagé ou incité les plaignantes à le toucher ». Le magistrat n’aurait pas non plus dû déclarer Charest coupable d’une agression sexuelle survenue en Nouvelle-Zélande.
D’autres chefs devraient être retirés selon la Couronne, car un accusé ne peut pas être condamné à de multiples accusations pour un même événement.
Selon la juge retraitée Nicole Gibeault, il est « extrêmement rare » que la Couronne reconnaisse ainsi autant d’erreurs à ce stade-ci des procédures.
« La poursuite reconnaît que des éléments n’ont pas été prouvés, elle est assez honorable pour acquiescer à des arguments de la défense », dit-elle.
Cette reconnaissance de la Couronne pourrait également influencer la condamnation de Charest à 12 ans de pénitencier, a ajouté Mme Gibeault. C’est la cour d’appel qui tranchera cette question, après avoir décidé si elle accorde, ou non, un nouveau procès à Charest.