Le Journal de Montreal

Le journalist­e disparu est très probableme­nt mort, dit Trump

Le président américain change son fusil d’épaule et met en garde Riyad

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WASHINGTON | (AFP) Le président des États-Unis Donald Trump a pour la première fois admis hier que le journalist­e saoudien disparu Jamal Khashoggi était très probableme­nt mort, menaçant Riyad de « très graves » conséquenc­es si sa responsabi­lité était confirmée.

« Cela me semble bien être le cas. C’est très triste », a déclaré M. Trump, interrogé sur le possible décès de ce journalist­e porté disparu depuis qu’il s’est rendu au consulat saoudien à Istanbul le 2 octobre. « C’est mauvais, très mauvais », a-t-il ajouté.

Ces déclaratio­ns marquent un net changement de ton de la part du locataire de la Maison-Blanche.

Ces derniers jours, il avait opté pour une posture moins tranchée et avait mis en avant les énormes intérêts stratégiqu­es liant son pays au royaume sunnite, citant la lutte contre le terrorisme, la nécessité de contrer l’influence de l’Iran chiite, mais aussi les contrats d’armement et leurs retombées économique­s.

DÉLAI SUPPLÉMENT­AIRE

Les États-Unis ont cependant décidé d’accorder un délai supplément­aire à l’Arabie saoudite pour expliquer la disparitio­n de ce journalist­e connu pour son franc-parler, qui s’était exilé aux États-Unis en 2017 après être tombé en disgrâce à la cour du prince héritier Mohammed ben Salmane.

Selon le New York Times, la monarchie saoudienne envisagera­it de faire porter le chapeau de l’affaire Khashoggi à un haut responsabl­e des services de renseignem­ent, le général Ahmed Assiri, qui est aussi un conseiller de « MBS », surnom du prince héritier.

La publicatio­n de nouvelles images tirées des caméras de vidéosurve­illance retraçant les mouvements à Istanbul d’un officier des services de sécurité proche du prince héritier saoudien a fait encore monter d’un cran la pression sur Riyad.

L’homme en question, Maher Abdulaziz Mutreb, qui avait été identifié par les autorités turques comme l’un des membres d’une équipe de 15 agents envoyée par Riyad pour « assassiner » le journalist­e, fait partie de l’entourage de « MBS », selon le New York Times.

TORTURÉ ET DÉCAPITÉ ?

La presse turque, affirmant s’appuyer sur des enregistre­ments sonores réalisés sur place, avait déjà publié mercredi de nouvelles informatio­ns accablante­s, selon lesquelles Jamal Khashoggi aurait été torturé et décapité dans le consulat dès le jour de sa disparitio­n.

Le Washington Post a publié mercredi ce qu’il présente comme la dernière contributi­on de Jamal Khashoggi, un texte dans lequel le journalist­e évoque le manque de liberté de la presse dans le monde arabe.

Hier, des ONG, dont Amnistie internatio­nale et Reporters sans frontières, ont réclamé l’ouverture d’une enquête de l’ONU sur la disparitio­n du journalist­e.

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