Vincent Graton et le méprisable chiffon
En ce moment, tout le monde parle de laïcité, de port de signes religieux, de crucifix.
Tous ceux qui parlent à ce sujet devraient voir Quand les pouvoirs s’emmêlent, un film passionnant animé par Vincent Graton, sur la façon dont les religions font mauvais ménage avec les droits des femmes.
Mettons que j’ai été agréablement surprise que ce comédien et commentateur de gauche soit si lucide dans sa dénonciation des religions. Toutes les religions.
LES RELIGIONS SEXISTES
Graton s’est promené au Maghreb, aux États-Unis, en France et au Québec pour démontrer que les religions sont obsédées par le corps des femmes et par les droits reproducteurs des femmes. Voir Graton interviewer une féministe française qui dit « Merde aux curés » ou une féministe tunisienne qui raconte qu’elle est sous protection policière parce qu’elle critique « les islamistes », ça étonne. Comme ça fait du bien d’entendre une femme rabbin dire que « La question de la femme reste LA question problématique de toutes les religions ».
Je vous jure, je n’en croyais pas mes oreilles quand j’ai entendu Graton dire ce que certains commentateurs disent depuis des années, soit que « les femmes sont les premières victimes du communautarisme », parce qu’il banalise la polygamie, les mariages forcés et l’excision. Enfin !
Ça fait du bien de voir un artiste québécois qui n’a pas un petit discours gnangnan de relativisme culturel.
En fait, ce documentaire percutant devrait non seulement être vu par des journalistes et des politiciens, mais on devrait le montrer dans nos écoles, dans les cours d’éthique et de culture religieuse.
Vous savez quelle est l’image qui m’a le plus ébranlée dans ce documentaire ? On y voit des images en noir et blanc de Bourguiba, président tunisien, dans les années 50, qui enlève le hijab, le voile, de la tête des femmes. Imaginez, un homme qui enlève le foulard des femmes, parce qu’il le considère comme un « misérable chiffon ».
Il n’y a pas une seule de nos néo-féministes québécoises qui diraient ça du foulard, elles le banalisent et le défendent ! C’est le monde à l’envers.
Lors de son passage en Tunisie, Vincent Graton interviewe une militante qui affirme : « On n’obtiendra l’égalité homme femme pleine et entière que s’il y a une séparation entre l’État et la religion ». Quand Graton l’informe qu’au Québec, un crucifix est placé au-dessus des députés à l’Assemblée nationale, elle part à rire et s’exclame : « C’est mal barré ! »
Peut-être que Sonia LeBel, François Legault et les autres catho-laïcs devraient voir ce film…
DOCUMENTAIRES DE VEDETTES
C’est la mode aujourd’hui de demander à des vedettes d’animer des documentaires. On l’a vu avec Pénélope McQuade et Troller les trolls, réalisé par Hugo Latulippe. Une ami réalisateur de documentaire me disait récemment que les diffuseurs, quand on leur présente un projet, demandent toujours : « C’est qui la vedette ? », alors qu’avant ils demandaient : « C’est quoi le sujet ? ». On peut déplorer que le nom de Vincent Graton soit plus connu que celui de Yvonne Defour qui a réalisé Quand les pouvoirs s’emmêlent.
Mais si cette visibilité peut faire en sorte que plus de gens voient ce film important, alors vive le vedettariat ! Et vive Vincent Graton !