Le Journal de Montreal

La chambre de sa mère prêtée à une inconnue

La famille n’a jamais été avisée qu’une autre résidente y avait été placée

- PIERRE-PAUL BIRON

QUÉBEC | Une femme de Montmagny déplore que les responsabl­es du centre d’hébergemen­t où logeait sa mère aient utilisé sa chambre pour y faire dormir une résidente pendant une hospitalis­ation de quelques jours.

Linda Jean n’en revenait tout simplement pas lorsqu’une employée de la résidence La Rose des Vents de Cap-SaintIgnac­e lui a confié qu’une autre résidente avait dormi dans la chambre de sa mère durant quatre jours, à la fin août.

« On ne m’a jamais demandé la permission, on ne m’a jamais avertie. J’étais hors de moi », s’indigne la femme, choquée qu’on ait violé l’intimité de sa mère de cette façon. « Leur chambre, en résidence, c’est leur maison. C’était son intimité. »

SILENCE TOTAL

La famille a réalisé ce qui s’était passé complèteme­nt par hasard, alors que la fille de Mme Jean s’est présentée à la résidence pour récupérer les lunettes de sa grandmère. « Le lit était défait et on se demandait pourquoi. Ça nous a mis la puce à l’oreille. »

Gisèle Rioux, 81 ans, n’est finalement jamais retournée à la résidence puisqu’elle est décédée durant son séjour à l’hôpital. Sa fille ne digère néanmoins pas qu’on ne lui ait jamais rien dit. « Même quand on a vidé sa chambre, la propriétai­re nous a offert ses sympathies, mais n’a jamais parlé de ça. Il a fallu poser des questions. »

BRIS D’ÉQUIPEMENT

Selon les explicatio­ns du CISSS Chaudière-Appalaches, qui avait placé Gisèle Rioux dans la résidence privée, c’est un bris d’équipement qui a forcé la direction à prendre cette décision.

« On a eu une situation d’urgence qui a fait qu’un lit mécanique s’est brisé. Il y avait donc une personne sans lit », souligne Mireille Gaudreault, porte-parole du CISSS, assurant que la literie et le matelas de la dame n’avaient pas été utilisés.

« Sur-le-champ, la famille aurait dû être avisée, mais il y avait un contexte d’urgence. C’était la fin de semaine, la gestionnai­re partait en vacances. Il y a un malheureux contexte, mais ça ne justifie pas ce qui est arrivé », ajoute Mme Gaudreault.

Toujours en colère, Linda Jean se console malgré tout en se disant qu’aucun membre de la famille n’est entré dans la chambre pendant que la pensionnai­re imprévue s’y trouvait.

« Ça aurait pu arriver. Imaginez la scène ! J’arrive sur le fait et je vois la dame dans le lit de maman. On se pose tellement de questions depuis ça », soupire-t-elle, ajoutant qu’il était difficile d’avaler les explicatio­ns des responsabl­es du CISSS Chaudière-Appalaches après ce qu’on lui a caché.

« Ils nous ont dit qu’ils avaient enlevé ses draps, mais on le saura jamais vraiment. Est-ce qu’elle a fouillé dans ses affaires, utilisé sa brosse à dents ? On ne sait pas », se résigne Mme Jean, qui précise avoir reçu des excuses du CISSS et un remboursem­ent des sept jours pendant lesquels sa mère était hospitalis­ée.

MISE EN GARDE

La résidente de Montmagny a choisi de dénoncer la situation pour éviter qu’elle se reproduise ailleurs en province. Elle conseille maintenant aux gens de s’intéresser plus à ce qui se passe dans les résidences de personnes âgées et dans les CHSLD.

« Il faut aller voir ce qui se passe. Il faut les visiter nos parents et surtout ne pas avoir peur de poser des questions. Parce que, souvent, ils s’essayent et espèrent qu’on ne s’en rendra pas compte. »

 ?? PHOTOS JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS ?? Linda Jean se dit choquée que les responsabl­es de la résidence où logeait sa mère, Gisèle Rioux (en mortaise), n’aient jamais cru bon de l’appeler quand vint le temps de faire dormir une autre résidente dans son lit. « Si on n’avait pas posé la question, on n’aurait jamais su », déplore-t-elle.
PHOTOS JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS Linda Jean se dit choquée que les responsabl­es de la résidence où logeait sa mère, Gisèle Rioux (en mortaise), n’aient jamais cru bon de l’appeler quand vint le temps de faire dormir une autre résidente dans son lit. « Si on n’avait pas posé la question, on n’aurait jamais su », déplore-t-elle.

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