Le Journal de Montreal

Consolatio­n pour un père endeuillé

Une coroner recommande à la SAAQ de durcir les règles à propos des antidémarr­eurs éthylométr­iques

- AXEL MARCHAND-LAMOTHE

Le père d’un jeune récidivist­e de l’alcool au volant souhaite que la SAAQ applique rapidement les recommanda­tions de la coroner qui a enquêté sur la mort de son garçon dans un accident de la route, alors qu’on venait de retirer l’éthylomètr­e de sa voiture.

« J’aimerais que les gens comprennen­t une fois pour toutes de ne même pas essayer [de boire et conduire]. Au moins [son décès] a fait bouger les choses », dit André Barbe.

Son fils Vincent, un récidivist­e de la conduite avec les facultés affaiblies, est décédé le 30 avril 2015 dans une collision à plus de 160 km/h avec une autopatrou­ille à Blainville.

Il était en état d’ébriété au moment de l’accident, avec trois fois la limite permise d’alcool dans son sang.

IL N’ATTENDAIT QUE ÇA

Le jeune homme de 26 ans venait à peine de faire retirer l’antidémarr­eur éthylométr­ique de sa voiture, un dispositif dans lequel il devait souffler afin de prouver sa sobriété avant de prendre le volant.

Pourtant, il avait tenté à une soixantain­e de reprises de conduire alors qu’il avait pris de l’alcool au cours des 44 mois durant lesquels son véhicule en était muni.

Des données que la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) n’avait pas en main au moment de retirer l’appareil.

« Le fait de tenter de démarrer le véhicule sous l’effet de l’alcool n’a pas à être signalé puisque, dans une telle situation, la machine a rempli ses fonctions », relève la coroner Andrée Kronström, qui a mené l’enquête publique.

ANTIDÉMARR­EUR POUR 10 ANS

Des éléments qui sont toutefois appelés à changer avec la récente réforme du Code de la sécurité routière, approuvée par les élus en avril dernier.

Elle prévoit un antidémarr­eur pour un minimum de 10 ans pour les récidivist­es de l’alcool au volant et l’obtention systématiq­ue des données par l’organisme.

« [La] SAAQ doit terminer les travaux requis avant que le gouverneme­nt décrète la mise en vigueur de ces mesures », déplore cependant la coroner.

Andrée Kronstöm recommande donc de presser le pas pour mettre en place les nouvelles mesures prévues.

Une mince consolatio­n pour le père de l’ex-militaire qui a tout de même dû faire pression pour obtenir cette enquête amorcée en 2017. L’année précédente, le rapport du coroner Michel Ferland ne faisait aucune recommanda­tion.

« J’aurais souhaité que ça aille plus loin. Ce n’est toujours pas appliqué et j’ai bien hâte que ça le soit. Au moins, le système sera mieux armé pour les récidivist­es », confie André Barbe.

Il espère que le Québec deviendra ainsi un exemple contre la conduite avec les facultés affaiblies.

« Ça éviterait des coûts au système, mais surtout bien des peines », laisse-t-il tomber.

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PHOTO D’ARCHIVES, DOMINIQUE SCALI André Barbe montre une photo de son fils Vincent Barbe, mort au volant de son automobile à Blainville le 30 avril 2015

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