Le Journal de Montreal

Donald Trump insatisfai­t des explicatio­ns de l’Arabie saoudite

La version de Riyad sur les circonstan­ces du meurtre de Khashoggi démontée

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WASHINGTON | (AFP) Le président américain Donald Trump a affirmé hier qu’il n’était « pas satisfait » des explicatio­ns de Riyad sur le meurtre, début octobre, du journalist­e Jamal Khashoggi dans le consulat saoudien d’Istanbul.

« Je ne suis pas satisfait de ce que j’ai entendu », a déclaré M. Trump depuis les jardins de la Maison-Blanche, précisant qu’il avait parlé au prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

« Nous saurons très bientôt », a-t-il ajouté en évoquant le meurtre du journalist­e de 59 ans. « Nous avons des gens en Arabie saoudite, nous avons des gens en Turquie. Ils reviennent ce soir, demain (...). Nous en saurons beaucoup plus dans les jours à venir », a-t-il affirmé.

Après avoir dans un premier temps affirmé que Jamal Khashoggi avait quitté le consulat vivant, Riyad a reconnu, sous la pression, que le journalist­e y avait été tué, tout en affirmant qu’il s’agissait d’une « opération non autorisée » par le pouvoir, et dont le prince héritier « MBS » n’était pas informé.

« SAUVAGEMEN­T PLANIFIÉE »

Pour sa part, la Turquie a affirmé hier que le meurtre du journalist­e saoudien avait été « sauvagemen­t planifié » et promis que « rien ne resterait secret » dans cette affaire, à la veille de révélation­s promises par le président Recep Tayyip Erdogan.

« Nous sommes face à une situation qui a été sauvagemen­t planifiée et des efforts conséquent­s ont été déployés pour dissimuler » ce meurtre, a déclaré Omer Celik, porte-parole turc.

La presse proche du pouvoir s’est efforcée hier de démonter la version saoudienne. Ainsi, selon le quotidien Yeni Safak, le chef d’un commando saoudien de 15 agents dépêchés à Istanbul pour tuer le journalist­e a été directemen­t en contact avec le bureau du prince héritier, après « l’assassinat », le 2 octobre.

De son côté, dans le journal Hurriyet, un éditoriali­ste affirme que le Khashoggi a été immédiatem­ent conduit vers le bureau du consul où il a été « étranglé ». « Cela a duré entre 7 et 8 minutes ». Le corps aurait ensuite été « coupé en 15 morceaux » par un médecin légiste faisant partie du commando saoudien et sorti du consulat.

Selon les médias turcs, la police a retrouvé hier un véhicule du consulat saoudien, équipé d’une plaque d’immatricul­ation diplomatiq­ue, « abandonné » dans un stationnem­ent souterrain d’Istanbul. Le consulat saoudien n’a pas autorisé sa fouille, selon la chaîne NTV.

DISSIMULAT­ION

La chaîne CNN a pour sa part diffusé des images de vidéosurve­illance montrant, selon un responsabl­e turc, un des agents saoudiens quittant le consulat par une porte arrière portant les vêtements dont était vêtu Khashoggi à son arrivée, ainsi qu’une barbe factice.

Il s’agissait, selon le responsabl­e, d’une « tentative de dissimulat­ion » visant à faire croire que Khashoggi avait bel et bien quitté le bâtiment comme l’avait affirmé Riyad après sa disparitio­n.

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