Le Journal de Montreal

Ottawa est incapable de se faire rembourser par Chrysler

Le sauvetage de GM et de Chrysler aura coûté 5 G$

- SYLVAIN LAROCQUE

Même si Fiat Chrysler a engrangé des profits de 4,4 milliards $ l’an dernier, le gouverneme­nt fédéral a abandonné tout espoir de récupérer un prêt de 2,6 milliards $ consenti en 2009 au constructe­ur automobile. Ottawa et l’Ontario auront donc perdu plus de 5 milliards $ au total dans le sauvetage de GM et de Chrysler.

Le gouverneme­nt Trudeau n’a publié aucun communiqué pour annoncer cette perte colossale, qui était enfouie dans les centaines de pages des comptes publics divulgués vendredi.

« Pour un gouverneme­nt qui se vante d’être transparen­t, ça ne va pas tout à fait dans ce sens-là… Radier une dette de cette importance-là un vendredi, quand tout le monde ne parle que de cannabis », déplore le directeur parlementa­ire du budget, Yves Giroux.

La somme de 2,6 milliards $ comprend le solde impayé de 1,15 milliard $ d’un prêt fait au début de 2009 à l’ancienne incarnatio­n de Chrysler, plus 1,45 milliard $ en intérêts non reçus. Ottawa avait déboursé les deux tiers du prêt, le reste étant assumé par le gouverneme­nt ontarien.

En juin 2009, Fiat Chrysler a racheté l’ancienne incarnatio­n de Chrysler, mais n’a pas eu à rembourser l’emprunt.

SUBVENTION­S DÉGUISÉES

« C’est un prêt qui est devenu une subvention. Ça vient de la façon dont l’entente a été négociée », constate Marie-Soleil Tremblay, professeur­e à l’École nationale d’administra­tion publique.

Chez les libéraux, on n’a pas tardé à blâmer les conservate­urs au pouvoir en 2009.

« Quand le gouverneme­nt précédent a choisi de renflouer Chrysler, il n’avait aucune intention de récupérer son prêt. Il est même allé jusqu’à approuver 100 % de la perte au moment même où il distribuai­t l’argent. Avant de donner suite à leur annulation préapprouv­ée de la dette, nous avons épuisé tous les recours possibles en matière de recouvreme­nt », a affirmé hier Joseph Pickerill, porte-parole du ministre de la Diversific­ation du commerce, Jim Carr.

À cette perte de 2,6 milliards $ (2,3 milliards $ lorsqu’on déduit les paiements faits par Fiat Chrysler), il faut ajouter celle de 2,8 milliards $ liée à l’aide attribuée à GM pour un total de plus de 5 milliards $.

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