2003 : une grande année !
Les fondations de toute équipe sportive reposent sur le repêchage. « Tu as le droit de te tromper, dit Alain Chainey, mais pas trop souvent. Ça va te rattraper. »
Comme tout recruteur, Chainey a réussi des bons comme des mauvais coups durant ses 20 ans dans l’organisation des Ducks d’Anaheim. Mais il a eu la main drôlement heureuse en 2003, lorsque de concert avec les membres de son personnel, il a repêché Ryan Getzlaf (19e) et Corey Perry (28e) au premier tour.
Les deux après un dénommé Andrei Kostitsyn, que le Canadien avait sélectionné au 10e rang. Quinze ans plus tard, Getzlaf et Perry font toujours partie des Ducks.
« Les deux avaient des points faibles », raconte Chainey.
« Dans le cas de Getzlaf, l’effort n’était pas toujours au rendez-vous. Quant à Perry, son coup de patin n’était pas ce qu’il y a de mieux. La décision de les repêcher n’est pas revenue qu’à moi. Il y a eu consensus. »
ABSENT DU GRAND MATCH
Les deux joueurs sont devenus la pierre angulaire de l’équipe. En 2007, ils ont aidé les Ducks à remporter la coupe Stanley. Ce soir-là, Chainey est sorti de l’amphithéâtre dans les premières minutes du match pour aller se taper une longue marche sous une chaleur écrasante sur les grands boulevards d’Anaheim.
« Une voix intérieure m’a dit qu’on ne gagnerait pas si je restais là », relate Chainey.
« C’était la première fois que je ressentais une telle sensation. Je sais que c’est dur à comprendre, mais cette voix me disait que je ne devais pas regarder la rencontre. J’ai marché des heures à penser à plein de choses, dont mes parents qui sont décédés.
Quand j’ai regardé ma montre, je me suis dit que le match devait être pas mal avancé. À mon retour à l’aréna, un employé m’a dit qu’on menait 5 à 2 avec quelques minutes à jouer. J’avais fait enregistrer la rencontre. À mon retour au Québec, je l’ai regardée, un verre de vin à la main, en me disant qu’on n’allait pas subir la défaite. »
Chainey ne rêvait pas. Ses petits gars avaient gagné.