La plus québécoise des Françaises
Marie-Jade Lauriault vit sa passion de la danse avec son mari et patineur Romain Le Gac
« On dit que c’est notre histoire de Cendrillon. Et moi, j’ai été chanceuse de trouver le bon soulier. »
Marie-Jade Lauriault a répété son propre conte des dizaines de fois, cette semaine, depuis qu’elle est entrée à la Place Bell de Laval avec son partenaire français Romain Le Gac, pour les Internationaux de patinage artistique. Qui est aussi son mari, doit-on spécifier. La native de Sainte-Anne-des-Plaines, qui habite à Laval avec son amoureux pour mieux s’entraîner à l’aréna Gadbois de Montréal, se présente désormais comme la plus québécoise des Françaises.
Les deux spécialistes de la danse, qui ont pris le quatrième rang de la compétition au terme du programme libre d’hier soir, se sont mariés civilement en décembre 2015, mais leur première rencontre – sportive d’abord – remonte à l’été 2014, quand chacun venait de se séparer de son partenaire.
L’entraîneur français Romain Haguenauer, qui venait de se joindre à l’École de patinage Montréal International de Patrice Lauzon et MarieFrance Dubreuil, a suggéré au jeune patineur qu’il dirigeait à Lyon de venir tester la chimie avec la jeune Québécoise. Ça a cliqué.
« On s’entendait bien, on avait du plaisir sur la glace et les éléments ont commencé à bien entrer naturellement », évoque la patineuse, qui fêtera ses 22 ans le mois prochain.
MAINTENANT CITOYENNE FRANÇAISE
Le potentiel du duo demandait à fructifier, encore fallait-il répondre aux conditions de l’International Skating Union (ISU). Sans passé de compétition internationale, il était plus facile pour Marie-Jade d’obtenir sa libération de sa fédération canadienne, plutôt que l’inverse avec Romain, déjà initié au niveau mondial avec sa partenaire précédente, et qui aurait dû attendre une année sans compétition afin d’obtenir son éligibilité pour porter les couleurs du Canada.
Leur union comme patineurs s’est depuis justifiée avec leur participation aux Jeux olympiques, où ils ont pris le 17e rang. Mais leur présence à Pyeongchang reposait sur l’exigence non négociable qu’un athlète doit détenir un passeport du pays qu’il représente. Ce que Marie-Jade a obtenu, trois jours avant l’échéance du 31 décembre 2017 ! « Elle a obtenu sa citoyenneté parce que c’est une étrangère qui vit à l’étranger, mais qui travaille pour l’intérêt français », résume fièrement Romain.
« Pour la gloire de la France ! », ajoute la Québécoise en empruntant l’accent.
UN INVESTISSEMENT ÉTRANGER
La Fédération française des sports de glace sait maintenant que, dans un aréna de Montréal sous le monstrueux chantier de l’échangeur Turcot, deux de leurs patineurs prospèrent.
« C’est sûr que le pays aimerait que les patineurs français patinent en France, mais il y a aussi un autre couple français (Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron) qui s’entraîne avec nous. Pour l’instant, les meilleures structures et les meilleurs entraîneurs sont à l’étranger et non en France », témoigne le patineur de 23 ans.
« À l’inverse, ce que les entraîneurs canadiens nous transmettent, on veut à notre tour l’apporter en France pour le partager avec les jeunes là-bas », prévoit Marie-Jade.