Un seul éducateur en service de garde pour 35 élèves
La pénurie de personnel inquiète alors que le ratio devrait être d’un pour vingt
Élèves qui se sauvent en douce, groupes surchargés, éducateurs épuisés. La pénurie de personnel dans les services de garde est si criante que plusieurs représentants craignent pour la sécurité des jeunes.
« Ça devient dangereux », tranche le président de la Fédération du personnel de soutien scolaire, Éric Pronovost, qui représente près de 29 000 membres à travers la province, que ce soit des éducateurs, techniciens ou secrétaires.
La pénurie de main-d’oeuvre touche tous ces emplois, mais elle est inquiétante chez les éducateurs en service de garde. Ce sont eux qui s’occupent des jeunes notamment sur l’heure du midi et le soir en attendant que les parents viennent chercher leurs enfants.
À la Commission scolaire de la Pointe-del’Île (CSPI) dans l’est de Montréal, le ratio est censé être d’un maximum de 20 enfants par éducatrice.
Sauf que quand un ou plusieurs éducateurs tombent malades et s’absentent, il n’est pas rare que les groupes soient surchargés, explique Stéphane Soumis, qui les représente.
UN ADULTE, 30 ENFANTS
Parfois, un éducateur se retrouve seul avec 30, voire 35 enfants, dit-il.
Il est d’ailleurs déjà arrivé qu’un élève quitte son groupe pendant une sortie pour se rendre seul à la maison sans que l’éducateur ne s’en rende compte, illustre-t-il.
Un peu partout au Québec, cette difficulté à remplacer les éducateurs se fait sentir.
« Et ça va en empirant », remarque Nancy Gagnon, du Syndicat du personnel de soutien scolaire de Jonquière.
M. Pronovost interpelle donc le nouveau ministre de l’Éducation.
« On demande à Jean-François Roberge quels gestes concrets il va prendre ? »
Heureusement, les incidents liés à la surcharge des groupes n’ont pas eu de conséquences graves pour l’instant. Mais les dommages sur la santé mentale sont déjà réels.
« On est vraiment à bout de souffle », dit M. Soumis.
QUAND LE DIRECTEUR REMPLACE
Cet épuisement crée un cercle vicieux : plus les travailleurs sont nombreux à tomber malades, plus il est difficile de les remplacer. Et cela affecte tout le monde, explique Guylaine Bachand, qui représente le personnel de soutien de la Commission scolaire des Patriotes (CSP), en banlieue de Montréal.
En septembre, un directeur d’école a même dû descendre « sur le plancher » pour faire du remplacement au service de garde, illustre-t-elle.
De son côté, le président de la CSPI, Miville Boudreault, assure que les débordements de ratios sont occasionnels.
« Je n’ai aucune raison de croire que la sécurité des jeunes est compromise. »
Il admet tout de même que la banque de remplaçants est presque à sec, notamment en raison de l’énorme augmentation de clientèle.