Le Journal de Montreal

Un policier coupable d’avoir fraudé la Sûreté du Québec

Il gérait une agence de voyages pendant un congé de maladie

- MICHAËL NGUYEN

Un sergent-enquêteur de la Sûreté du Québec qui gérait une agence de voyages pendant qu’il était en arrêt de travail a été déclaré coupable de fraude et risque maintenant la destitutio­n.

« Nicolas Landry a menti et fait des omissions volontaire­s. La seule conclusion raisonnabl­e est qu’il est coupable », a lancé le juge André Perreault hier au palais de justice de Montréal.

Landry, 43 ans, comptait 13 années d’expérience à la Sûreté du Québec (SQ) en 2014 lorsqu’une dépression majeure l’empêchant de travailler lui a été diagnostiq­uée.

Sauf que pendant qu’il touchait son plein salaire, le policier gérait des agences de voyages sur la RiveSud appartenan­t à sa conjointe et son père.

« Il était présenté comme le patron et prenait des décisions monétaires », a expliqué le magistrat en rappelant qu’à la SQ, Landry faisait croire qu’il était incapable de faire du travail administra­tif.

De 2009 à 2014, Landry a effectué plus d’une vingtaine de voyages dans des destinatio­ns touristiqu­es telles que Dubaï, la France, la Jamaïque et le Mexique.

Parallèlem­ent, il faisait croire aux docteurs qu’il « ne faisait pas grandchose de ses journées ».

« Il a dit au médecin n’avoir plus d’énergie, être passif, impatient, qu’il ne passait pas de bonnes journées », a dit le juge.

VANTARD

La SQ a toutefois eu des doutes sur l’incapacité totale de Landry à travailler. Une collègue du policier qui a eu vent de l’histoire n’a pas hésité à le dénoncer.

« Une amie m’a dit qu’on avait un bon système de maladie à la Sûreté du Québec, car [Landry] se vante d’être payé à 100 % de son salaire et que la vie est belle », avait témoigné la policière lors du procès.

Pour le procureur de la Couronne Patrick Cardinal, il ne faisait aucun doute que Landry devait être reconnu coupable d’une fraude évaluée à 42 000 $.

L’avocat de la défense Walid Hijazi avait pour sa part plaidé que la preuve ne permettait pas de conclure que son client avait été rémunéré pour ses activités dans les agences de voyages.

« Pour être policier, il faut être en bonne santé mentale, surtout si on est armé », avait-il ajouté.

DESTITUTIO­N

L’avocat avait également reproché au corps policier d’avoir entamé l’enquête avec une idée préconçue, dans le but de se débarrasse­r de Landry.

Le juge n’a pas retenu cette version en déclarant l’accusé coupable, et Landry risque maintenant la destitutio­n.

Il reviendra à la cour la semaine prochaine afin de fixer la date des plaidoirie­s sur la peine à lui imposer.

Parallèlem­ent à son procès, Landry avait intenté une poursuite civile de 2 millions $ contre la SQ, à qui il reprochait une « enquête abusive ». Ce dossier civil est toujours actif, pour le moment.

« IL A DIT AU MÉDECIN N’AVOIR PLUS D’ÉNERGIE, ÊTRE PASSIF, IMPATIENT, QU’IL NE PASSAIT PAS DE BONNES JOURNÉES » – Le juge André Perreault

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PHOTO MARTIN ALARIE Nicolas Landry, un policier de la Sûreté du Québec, arpentait les corridors du palais de justice de Montréal hier, alors qu’il a été déclaré coupable d’avoir fraudé son employeur de 42 000 $.
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WALID HIJAZI Avocat de la défense

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