Le Brésil face à l’inconnu après la victoire de l’extrême droite
L’élection du candidat Jair Bolsonaro annonce une ère de rupture au pays
RIO DE JANEIRO | (AFP) La jeune démocratie brésilienne a basculé dans l’inconnu hier au lendemain de l’élection de Jair Bolsonaro, son premier président d’extrême droite depuis la fin de la dictature, qui commençait à préparer la transition vers un régime de rupture.
Jair Bolsonaro, qui prendra ses fonctions le 1er janvier après sa victoire contre le candidat de gauche Fernando Haddad, n’a pas eu d’activité publique hier, mais il a accordé une entrevue tard hier soir à la télévision Record où il a légèrement modéré son ton martial.
ENTREVUE
Il a en effet assuré, à propos du Venezuela dont il a souvent vertement dénoncé le régime chaviste, que le Brésil allait « toujours chercher la voie pacifique pour résoudre ce problème » qu’est « la dictature » de Nicolas Maduro.
Un article du quotidien Folha de Sao Paulo hier affirmait que la Colombie serait prête à donner son soutien au Brésil s’il aidait à « renverser Nicolas Maduro à travers une intervention militaire ». Le journal a cité un haut fonctionnaire à Bogota sous couvert d’anonymat, mais le gouvernement colombien a opposé un net démenti hier soir dans un communiqué.
QUATRE ANS
Ses premiers discours – trois au soir de son élection – prononcés sur un ton martial – auguraient d’un virage radical.
Bolsonaro veut une rupture par rapport à tout ce qui a été fait par sa bête noire, le Parti des travailleurs (PT), qui avait remporté les quatre dernières présidentielles et est jugé par des dizaines de millions de Brésiliens responsable des maux du pays.
Bolsonaro va succéder, pour quatre ans, au conservateur Michel Temer, qui lui laissera les rênes d’un pays miné par la violence, le chômage et la corruption.
Jair Bolsonaro devrait se rendre à Brasilia la semaine prochaine pour s’entretenir avec M. Temer, si ses médecins l’y autorisent. Depuis l’attentat ayant failli lui coûter la vie le 6 septembre, Jair Bolsonaro, qui a subi des perforations de l’intestin, porte une poche de stomie. Il limite les sorties de son domicile et fuit la foule.
« CHANGER LE MODÈLE »
Le nouveau gouvernement « va changer le modèle économique du pays », a lancé dès dimanche soir Paulo Guedes, futur « super ministre » ultra-libéral, fustigeant le « modèle socio-démocrate » et évoquant les privatisations et la réforme des retraites.
Le président élu, qui n’a fait voter que deux lois en 27 ans de députation, arrive à la tête d’un pays de 208 millions d’habitants sans aucune expérience du pouvoir, comme ses futurs ministres.
Une fois installé dans le palais du Planalto à Brasilia, l’ancien capitaine aura aussi fort à faire pour recoller les morceaux d’un pays qui s’est fracturé profondément.
Les plus optimistes pensent que cet admirateur de la dictature militaire (196485) abandonnera sa rhétorique au vitriol une fois au pouvoir. Mais d’autres le voient gouverner d’une manière très idéologique et faire prendre un virage vertigineux au Brésil.