Le Journal de Montreal

DE RETOUR AVEC SES SECRETS

Hier soir, il n’a pas souhaité revenir sur son départ surprise le jour de l’élection

- ÉRIC YVAN LEMAY

« Pas de commentair­es », nous a dit celui qui a eu accès aux écoutes électroniq­ues et à tous les rapports d’enquête sur les magouilles au Québec… et qui a quitté ses fonctions sans vraiment s’expliquer le jour de l’élection provincial­e.

Un mois après sa démission surprise le jour de l’élection provincial­e, le commissair­e de l’Unité permanente anticorrup­tion refuse toujours de s’expliquer.

Croisé brièvement hier soir par notre Bureau d’enquête, qui tente toujours de comprendre pourquoi il a démissionn­é avant la fin de son mandat, Robert Lafrenière nous a répété à deux reprises : « pas de commentair­es », avant de s’engouffrer dans sa résidence avec quelques sacs à la main.

Un peu plus tôt, sa conjointe nous avait indiqué qu’il se trouvait au travail et qu’il serait de retour sous peu.

Notre Bureau d’enquête a tenté de le joindre à plusieurs reprises depuis sa démission inexpliqué­e, mais en vain.

M. Lafrenière a pris des vacances sous le soleil après son départ, selon nos sources. Il est de retour ici depuis quelques jours.

DES COUPS SPECTACULA­IRES

Robert Lafrenière connaît les plus grands secrets des dossiers de corruption au Québec.

Écoute électroniq­ue, rapports policiers, documents sensibles... Il a eu accès depuis 2011 à une foule de dossiers, dont la fameuse enquête Mâchurer, qui porte sur des allégation­s de financemen­t illégal au Parti libéral du Québec (PLQ).

Ses policiers ont enquêté non seulement sur Jean Charest, mais ont aussi interrogé Philippe Couillard à titre de chef du PLQ en le rencontran­t à son domicile de Québec.

M. Lafrenière a aussi appuyé les enquêteurs qui sont allés arrêter l’ex-vicepremiè­re ministre Nathalie Normandeau en plein jour du budget provincial 2016.

Robert Lafrenière a annoncé son départ le 1er octobre avant même que son successeur ne soit désigné.

Son départ est effectif à partir de ce vendredi. Il avait pourtant été reconduit à son poste pour cinq ans en avril 2016.

PAS OBLIGÉ DE S’EXPLIQUER

Même s’il a toujours dû conserver un devoir de réserve sur le contenu des enquêtes de l’UPAC, il ne s’était jamais empêché, dans le passé, d’accorder des entrevues médiatique­s sur son rôle de commissair­e.

Mais cette fois, le porte-parole de l’UPAC avait mentionné quelques jours après sa démission qu’il n’était pas prévu que le commissair­e s’explique publiqueme­nt.

Une source au gouverneme­nt indique que même si cela peut paraître surprenant, Robert Lafrenière a le droit de démissionn­er sans donner de raisons.

Il a d’ailleurs envoyé une lettre à l’ancien ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, où l’on n’apprenait rien sur les raisons de son départ après sept ans à la barre de l’UPAC.

EXPÉRIENCE GRATIFIANT­E

« La mission que j’ai défendue, entouré de gens profondéme­nt engagés dans la réalisatio­n de leur mandat, a été une expérience gratifiant­e.

« En effet, la lutte contre la corruption au Québec ne vient que de débuter et je suis fier d’avoir contribué à ses assises et à ses premiers résultats », a-t-il écrit.

Dans cette lettre, Robert Lafrenière ne parle pas de la décision du Directeur des poursuites criminelle­s et pénales (DPCP) de remettre le contenu des appareils électroniq­ues saisis au député Guy Ouellette.

Ce dernier était soupçonné par l’UPAC d’avoir orchestré des fuites dans les médias sur des enquêtes. L’annonce du DPCP est survenue quelques jours avant le départ du commissair­e.

– Avec la collaborat­ion de Félix Séguin

« PAS DE COMMENTAIR­ES. » – Robert Lafrenière

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LE PREMIER PROJET DE LOI DE LEGAULT VISERA SA SUCCESSION
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PHOTO D’ARCHIVES, PIERRE-PAUL POULIN Le commissair­e à la lutte à la corruption Robert Lafrenière a été croisé hier par Le Journal à sa résidence de la Rive-Sud.

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