Il droguait ses victimes pour les sauver, mais 100 ont péri
Il se vante d’être le plus grand criminel depuis la Deuxième Guerre mondiale
OLDENBOURG | (AFP) Un ancien infirmier allemand, Niels Högel, a admis hier à l’ouverture de son procès les 100 meurtres de patients dont on l’accuse, une affaire sans précédent dans l’histoire allemande d’après-guerre.
Après une minute de silence à la mémoire des victimes et la lecture de l’acte d’accusation, la cour a demandé à M. Högel si les accusations le visant étaient justes. « Oui », a-t-il répondu à voix basse.
Pendant cinq ans, d’abord dans l’hôpital d’Oldenbourg puis dans celui de la commune voisine de Delmenhorst, Niels Högel a injecté, selon l’accusation intentionnellement, à des patients des médicaments pour provoquer un arrêt cardiaque avant de tenter de les ranimer, le plus souvent sans succès.
Ce qu’il recherchait, explique-t-il, c’est la satisfaction et les « commentaires positifs » qu’il recevait après avoir sauvé une vie.
Pour la poursuite, il agissait aussi pour tromper « l’ennui », tandis que l’expertise psychiatrique a révélé des troubles narcissiques et une peur panique de la mort. Selon des codétenus, il se satisfait d’être le plus grand criminel depuis la dernière Guerre en Allemagne.
« HONTE »
Pourquoi avoir décidé de tout reconnaître ? « En lisant les dossiers, les souvenirs me sont revenus et avec la thérapie (...) j’ai commencé à reconnaître l’ampleur » du crime, a-t-il dit dans l’après-midi, évoquant aussi « sa honte ».
« Que ça vienne comme ça, je ne m’y attendais pas. On a une chance de faire un grand pas en avant maintenant », a réagi le petit-fils d’un défunt, Christian Marbach, pour qui Högel apparaît désormais comme « un petit tueur de masse vulnérable ».
L’homme de 41 ans, qui purge déjà une peine de prison à perpétuité depuis près de 10 ans pour six crimes similaires, faisait face à des dizaines de proches de défunts réunis dans le centre polyvalent d’Oldenbourg, dans le nord-ouest de l’Allemagne, faute de place suffisante au tribunal.
Tous veulent que justice soit rendue, mais aussi comprendre comment l’infirmier a pu tuer de 2000 à 2005 dans les hôpitaux où il travaillait sans que ses employeurs, la police ou la justice ne réagissent.
Niels Högel a aussi apporté de premiers éléments de réponse sur sa vie, expliquant s’être drogué aux analgésiques pour faire face à la pression d’un service de soins intensifs en sous-effectif.
« C’était le stress. Avec les médicaments, ça me paraissait plus facile », a expliqué l’accusé, ajoutant qu’il aurait dû réaliser que « ce métier n’était pas fait pour (lui) ».
200 MEURTRES ?
Le juge Sebastian Bührmann a promis d’élucider toutes les zones d’ombres du dossier lors de ce procès appelé à durer au moins jusqu’en mai.
Car si le procès porte sur 100 meurtres, Niels Högel aurait encore bien des secrets. Les enquêteurs évaluent le nombre réel de ses victimes à plus de 200, mais impossible de le prouver, car de nombreux patients ont été incinérés.