Texter au volant n’est pas criminel, selon la défense
Son client est accusé de négligence criminelle ayant causé la mort
Texter au volant n’est pas criminel, même si ce geste peut mener à des « conséquences horribles » comme le décès d’une femme de 18 ans, a plaidé hier l’avocat d’un jeune conducteur accusé d’avoir tué sa copine par négligence criminelle.
Pour la défense, Guillaume Laniel ne devrait pas être déclaré coupable, même s’il a avoué à un enquêteur de la Sûreté du Québec avoir envoyé des textos à un ami « un peu avant » la collision qui a coûté la vie à Jo-Anny Lauzon.
Le 17 décembre 2015, le jeune homme, alors âgé de 19 ans, a percuté de plein fouet un semi-remorque immobilisé en bordure du boulevard de la Cité-des-Jeunes, aux Cèdres, en Montérégie.
Il n’a pas fait de manoeuvre d’évitement et il n’y avait aucune trace de freinage sur la route rectiligne, où la limite est de 90 km/h.
La visibilité n’était pas bonne en raison de la noirceur et de la pluie.
De plus, Laniel aurait admis avoir consommé du haschich – résine de cannabis – plusieurs fois dans la journée, dont la dernière remonterait à trois heures avant l’impact, survenu vers 18 h 10.
RÉSINE DE CANNABIS
Dans ces circonstances, le jeune homme aurait dû redoubler de prudence et garder ses yeux sur la route, a insisté hier Me Lili Prévost-Gravel, de la Couronne.
« Un conducteur prudent aurait vu la grosse masse éclairée [le camion] en bordure de la route. Pourquoi il ne l’a pas vue ? Parce qu’il textait au volant, il cherchait quelque chose au fond du véhicule, et qu’il était affecté par la drogue », a résumé la procureure, au palais de justice de Salaberry-de-Valleyfield.
Regarder momentanément vers le sol en conduisant n’est certes pas prudent, concède la défense, mais il s’agit d’une simple distraction, qui ne peut pas être interprétée comme de la négligence criminelle.
Et même si une analyse a révélé un haut taux de 9,2 nanogrammes de THC dans le sang de l’accusé, « on n’a aucune preuve que ça avait encore un effet sur lui », a plaidé Jordan Trevick, l’avocat de Laniel.
Quant à l’utilisation du cellulaire au volant, il s’agit d’une infraction au Code de la sécurité routière, entraînant une contravention.
« Si texter au volant était criminel, chaque personne qui utilise son cellulaire au volant devrait être accusée de conduite dangereuse », a soutenu Me Trevick.
QUATRE TEXTOS
Et même si un relevé de téléphone indique que Laniel aurait envoyé quatre messages dans les six secondes précédant l’impact, rien ne prouve que c’est bel et bien l’accusé qui avait l’appareil en main, raisonne la défense.
Un argument qui ne tient pas la route pour la Couronne. Dans sa déclaration aux policiers, l’accusé a affirmé que Mme Lauzon avait échappé un article au sol et qu’elle tentait de le chercher à l’aide de la lampe-torche de son cellulaire.
« Demandez-vous si c’est logique de dire que c’est aussi la victime qui avait le cellulaire de l’accusé entre ses mains », a fait valoir Lili Prévost-Gravel au juge Joey Dubois.