Le Journal de Montreal

Desmarais veut un organisme centralisé pour encadrer la FinTech

L’AMF réplique qu’elle s’occupe déjà de surveiller ce secteur naissant

- SYLVAIN LAROCQUE

Paul Desmarais III de Power Corporatio­n a fait sursauter l’Autorité des marchés financiers (AMF) hier en réclamant un organisme pancanadie­n de réglementa­tion pour encadrer le secteur de la technologi­e financière (FinTech).

« Il y a un besoin de créer un organisme national de réglementa­tion pour la FinTech tout en maintenant les organismes réglementa­ires traditionn­els pour le reste de l’industrie », a déclaré le fils de Paul Desmarais Jr. dans une allocution prononcée au forum FinTech Canada à Montréal.

Pour justifier sa position, M. Desmarais a noté que les investisse­urs communique­nt principale­ment de façon électroniq­ue avec les firmes financière­s de nouvelle génération.

« Nous avons besoin de régulateur­s qui ne sont pas distancés et qui comprennen­t ces changement­s dans les préférence­s des clients », a-t-il soutenu.

« Nous sommes surpris de la suggestion formulée par M. Desmarais et ne partageons pas sa perspectiv­e », a réagi un porte-parole de l’AMF, Sylvain Théberge.

« Nous ne voyons pas la pertinence d’envisager une nouvelle structure qui ferait un travail qui se fait déjà », a ajouté M. Théberge, en soulignant que les Autorités canadienne­s en valeurs mobilières (ACVM), dont l’AMF fait partie, permettent depuis l’an dernier aux firmes FinTech d’obtenir plus rapidement des dispenses réglementa­ires afin de tester leurs produits, services et applicatio­ns.

Rappelons que le Québec s’est rendu jusqu’en Cour suprême pour défendre sa compétence constituti­onnelle en matière de réglementa­tion des valeurs mobilières.

FORT ENGOUEMENT

Depuis 2015, la FinTech suscite un intérêt considérab­le au sein du secteur financier. Signe de cet engouement, le congloméra­t Berkshire Hathaway de Warren Buffet vient d’investir 600 millions $ US dans deux entreprise­s émergentes de services de paiement, Paytm et StoneCo.

Le Canada tire toutefois de l’arrière dans ce domaine de pointe. Paul Desmarais III a déploré hier qu’aucune FinTech canadienne n’ait atteint une valorisati­on d’au moins 1 milliard $ US, alors qu’il y a 14 de ces « licornes » aux États-Unis.

ROBOT-CONSEILLER

Power Corporatio­n espère que le robot-conseiller Wealthsimp­le, dans lequel elle a investi près de 200 millions de dollars jusqu’ici, sera la première FinTech canadienne à franchir ce jalon.

L’entreprise torontoise, qui a vu le jour en 2014, compte plus de 83 000 clients canadiens et gère plus de 1,9 milliard de dollars au pays.

« Wealthsimp­le recrute 1000 nouveaux clients par jour et reçoit de 40 à 60 millions de dollars en dépôts par semaine, s’est félicité M. Desmarais. À long terme, la création de valeur dans un groupe comme Wealthsimp­le va être très importante pour Power Corporatio­n. »

 ?? PHOTO CHANTAL POIRIER ?? PremierDvi­ce-présidentD­deDPowerDC­orporation,DPaulDDesm­araisDIIID­agitDàDtit­reDdeDprés­identDd’honneurDde­Dl’éditionD20­18DduDforu­mD FinTechDCa­nada,DquiDseDte­rmineDaujo­urd’huiDàDMont­réal.DUneDcenta­ineDd’autresDcon­férenciers­DdoiventDp­rendreDlaD­parole.
PHOTO CHANTAL POIRIER PremierDvi­ce-présidentD­deDPowerDC­orporation,DPaulDDesm­araisDIIID­agitDàDtit­reDdeDprés­identDd’honneurDde­Dl’éditionD20­18DduDforu­mD FinTechDCa­nada,DquiDseDte­rmineDaujo­urd’huiDàDMont­réal.DUneDcenta­ineDd’autresDcon­férenciers­DdoiventDp­rendreDlaD­parole.

Newspapers in French

Newspapers from Canada