Le Journal de Montreal

L’horreur selon Patrick Senécal

Patrick Senécal affronte ses phobies et ses angoisses à l’aide de ses romans

- BRUNO LAPOINTE

Pour plusieurs, l’Halloween est l’occasion parfaite pour faire face à ce qui les effraie le plus, qu’il s’agisse de monstres, de démons ou de toute autre entité malveillan­te. Mais pour Patrick Senécal, l’écriture de chacun de ses romans le force à répéter l’exercice. « J’écris pour dompter mes peurs », confie l’auteur.

Il a beau être surnommé le Maître de l’horreur québécois, Patrick Senécal n’échappe pas aux phobies et aux angoisses. C’est d’ailleurs chez ses propres démons qu’il puise l’inspiratio­n nécessaire à l’écriture de ses romans, écoulés à ce jour à plus d’un million d’exemplaire­s.

« C’est ma manière d’explorer mes peurs tout en me sentant en contrôle. J’ai écrit Les sept jours du Talion quand ma fille était toute petite; j’étais terrifié à l’idée que quelqu’un, un jour, puisse lui faire du mal », révèle-t-il.

Pour son prochain récit, il affrontera la plus grande de toutes ses peurs : la mort.

« C’est extrêmemen­t cliché, mais j’ai peur de mourir. Plus je vieillis, plus je pense qu’il n’y a plus rien après la mort. Et ça me scandalise. Je trouve ça inadmissib­le de penser que le party va un jour continuer sans moi », confesse l’auteur.

En effet, il planche présenteme­nt sur l’écriture d’un roman dans lequel le personnage principal sera un homme absolument terrorisé par l’idée de mourir. Il finira par se rendre à une soirée d’hypnose « où il n’aurait jamais dû aller », avance Patrick Senécal, sans vouloir en dévoiler davantage.

FAN D’HORREUR

Patrick Senécal ne fait pas que créer des récits à glacer le sang; il en consomme également beaucoup, et ce, depuis très longtemps. Même si, plus jeune, trouver des films à se mettre sous la dent n’était pas toujours une tâche aisée.

« Quand j’étais jeune, il n’y avait pas de DVD ou de VHS. Pour voir des films, on devait soit aller au cinéma, soit les regarder à la télévision. À 10, 11 ans, j’étais trop jeune pour aller voir des films d’horreur au cinéma, et à la télé, ils jouaient beaucoup trop tard », se souvient-il.

« Mais quand j’ai commencé à garder des enfants vers l’âge de 12 ans ou 13 ans, je pouvais écouter les films d’horreur très tard le soir. Je me souviens avoir vu de vieux films d’horreur italiens. J’avais peur, mais j’avais du fun ! », ajoute-t-il.

Les films étant plus difficiles à trouver, c’est par la littératur­e que Patrick Senécal s’est d’abord initié au monde de l’épouvante.

« J’ai découvert Edgar Allan Poe, H.P. Lovecraft et Stephen King à 11 ou 12 ans. C’est à cet âge que j’ai lu le livre L’Exorciste à 12 ans. Ça m’a traumatisé, j’étais en état de choc. Je trouvais ça extrêmemen­t provocateu­r de mêler la religion et la sexualité », se souvient-il.

« Mais mes parents me laissaient lire tout ce que je voulais ; ils étaient contents que je lise des livres. Je leur suis hyper reconnaiss­ant, car ils m’ont ouvert les portes du monde avec lequel je gagne ma vie aujourd’hui », ajoute Patrick Senécal.

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PHOTO COURTOISIE KARINE DAVIDSON-TREMBLAY
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PHOTO D’ARCHIVES Adolescent, Patrick Senécal s’inspirait déjà de l’horreur pour créer ses habits d’Halloween. « Je me déguisais toujours en gars qui a mangé toute une volée avec des habits déchirés et du sang partout », se souvient-il.

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