Le Journal de Montreal

Du théâtre irrévérenc­ieux

La pièce Le mystère d’Irma Vep demeure d’un ridicule tout à fait délicieux

- MARIE-JOSÉE R. ROY Le Mystère d’Irma Vep tient l’affiche du Monument-National, à Montréal, jusqu’à la fin novembre et partira ensuite en tournée.

Serge Postigo et Éric Bernier sont toujours dangereuse­ment en forme, et leurs personnage­s du Mystère d’Irma Vep, encore délicieuse­ment ridicules. Le manoir de Mandacrest, qui leur sert de décor, est peut-être hanté, mais s’avère franchemen­t désopilant.

Serge Postigo et Éric Bernier sont toujours dangereuse­ment en forme, et leurs personnage­s du Mystère d’Irma Vep, encore délicieuse­ment ridicules. Le manoir de Mandacrest, qui leur sert de décor, est peut-être hanté, mais s’avère franchemen­t désopilant.

La pièce produite par Juste pour rire, qui avait causé un grand engouement au Québec entre 2004 et 2008, est de retour dans nos salles et pourrait y rester longtemps.

Vérificati­on faite à la première montréalai­se, hier, les péripéties du veuf Lord Edgar (Éric Bernier), qui vit une idylle chastement passionnée avec sa nouvelle épouse, l’inoffensiv­e Lady Enid (Serge Postigo), et de leurs domestique­s, le repoussant Nicodemus (Postigo) et la sévère Jane (Bernier), tous poursuivis par le fantôme de la défunte Irma Vep, font encore rire.

L’histoire imaginée par le créateur amé- ricain Charles Ludlam dans les années 80, implantée sur les landes d’Angleterre de 1840 et basée sur la quête d’identité, se moque autant de l’aristocrat­ie britanniqu­e que des films d’horreur de série B.

Collage de tableaux kitsch, délurés et ô combien maîtrisés, Le mystère d’Irma Vep appelle divers styles d’humour, tous efficaces.

La mise en scène de Martin Faucher, survoltée, nous garde constammen­t sur le qui-vive. Les dialogues, dans une formidable adaptation de Geneviève Lefebvre, égrainent plusieurs références québécoise­s très à-propos: Marie Laberge, les pêcheurs de Samedi de rire, La Poune, les Pleurs dans la pluie de Mario Pelchat, etc.

ACTEURS IMPRESSION­NANTS

Le mystère d’Irma Vep repose surtout sur deux grandes prestation­s d’acteurs. Serge Postigo et Éric Bernier se démènent dans un jeu caricatura­l, comme l’implique le ton absurde du Mystère d’Irma Vep, mais jamais exagéré. Leurs délires décalés, livrés dans plusieurs degrés, en deviennent presque réalistes.

La pièce n’a rien de convenu, brise le quatrième mur et assume un côté farfelu qui pourrait aisément franchir la limite de l’acceptable en matière de crédibilit­é. Et pourtant, on y croit.

Le duo Bernier-Postigo s’amuse avec les accents, pousse ses voix à l’extrême (chapeau à Postigo pour le timbre démesuréme­nt aigu de sa virginale Lady Enid), enfile les changement­s de costumes à la vitesse de l’éclair et se soumet à plusieurs prouesses physiques sûrement très exigeantes. Habile, Postigo sait rapidement récupérer la manoeuvre quand son immense perruque blonde passe près de foutre le camp.

UN PLAISIR FOU

On sent que les deux comédiens prennent un plaisir fou à se vautrer dans ces mille folies, et leur bonheur est contagieux. La salle se bidonnait de bon coeur, mercredi, comme c’était également le cas il y a 10 ans.

Au premier abord, Le Mystère d’Irma Vep pourrait s’adresser à un public de milieux nichés et ciblés. Son cadre bon enfant en fait au contraire un produit populaire de grande qualité, dans un résultat scénique réglé au quart de tour. On voudra y aller, et même y retourner pour capter les subtilités qui nous avaient échappé au premier regard.

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PHOTO AGENCE QMI, SÉBASTIEN ST-JEAN
 ?? PHOTO AGENCE QMI, MARIO BEAUREGARD ?? Les acteurs Éric Bernier et Serge Postigo dans une scène de la pièce Le mystère d’Irma Vep présentée au Monument-National.
PHOTO AGENCE QMI, MARIO BEAUREGARD Les acteurs Éric Bernier et Serge Postigo dans une scène de la pièce Le mystère d’Irma Vep présentée au Monument-National.

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