Son garçon ne pourra pas porter son nom
Un père est décédé pendant la grossesse de sa conjointe
DOLBEAU-MISTASSINI | Une femme enceinte de la région du lac Saint-Jean, dont le conjoint vient de mourir dans un accident, souhaite que son enfant porte le nom de son père, ce qui est impossible avec la loi actuellement.
Nathalie Bussières veut plus que tout au monde que petit Henrick, dont la naissance est prévue le 9 décembre, porte le nom de famille de son papa, Patrick Ouellet.
L’homme de 33 ans est décédé mercredi après avoir été gravement blessé lundi matin. Il a perdu la maîtrise de sa voiture en effectuant un dépassement sur la route 169, à Saint-Prime, entre Roberval et Saint-Félicien.
Comme le couple n’était pas marié, le Code civil prévoit que le père doit signer l’acte de naissance.
Puisqu’il est décédé, sa paternité ne sera pas reconnue. L’enfant ne pourra donc pas porter son nom de famille ni toucher l’héritage, à moins de faire des démarches judiciaires et un test d’ADN pour prouver qu’il était le père, un non-sens pour Mme Bussières.
« Patrick était enfant unique. Ils [ses parents] aimeraient que leur petit-enfant porte le nom de Ouellet », dit-elle.
La Coalition avenir Québec (CAQ) avait déposé un projet de loi en 2017 pour faire changer les choses, mais les libéraux n’y ont pas donné suite. La CAQ a fait savoir hier qu’elle a toujours l’intention de modifier le droit de la famille, maintenant qu’elle est au pouvoir.
« Mon conjoint a fait don de ses organes et je vais demander à l’hôpital de faire le test d’ADN pour prouver qu’il est le père de mon bébé », a confié Mme Bussières, hier, au lendemain du décès.
PAS UN CAS UNIQUE
Cette histoire n’est pas sans rappeler celle entourant le décès du conjoint de Julie Duchesne, en juillet.
Jean-Danyel Savard, 36 ans, est mort sur l’autoroute 40, près de Trois-Rivières. Il se dirigeait vers Saint-Félicien pour assister à la naissance du petit Zack.
Mme Duchesne se bat depuis trois mois et demi pour que son bébé puisse porter le nom du père.
« Je n’ai pas dormi de la nuit. Je ne la connais pas [Mme Bussières], mais j’aimerais la serrer dans mes bras. Je sais comment elle doit se sentir », a mentionné Mme Duchesne, bouleversée.