Bohemian Rhapsody : Un film aseptisé
Bohemian Rhapsody ne rend pas vraiment justice à Freddy Mercury
Dans Bohemian Rhapsody, Rami Malek relève honorablement le défi d’interpréter Freddie Mercury et les chansons de Queen sont bien agréables. Malheureusement, les libertés prises avec la réalité plombent ce long métrage biographique.
Impossible de rester de marbre ou de s’ennuyer pendant les 134 minutes de ce film biographique réalisé par Bryan Singer et Dexter Fletcher (dont le nom n’est pas au générique en raison des règles de la Guilde américaine des réalisateurs). Car les chansons de Queen choisies par la production sont efficaces et obtiennent l’effet désiré, soit celui de satisfaire le spectateur et fan du groupe de rock.
Mais au-delà des succès de Queen, que trouve-t-on ?
SCÉNARIO CONVENTIONNEL
Le scénario d’Anthony McCarten (L’heure la plus sombre) demeure conventionnel avec ses retours dans le passé de bon aloi destinés à conférer un rythme autre que celui des pièces musicales. Le long métrage débute avec la jeunesse de Freddie Mercury (Rami Malek) rencontrant les membres du groupe Smile duquel il devient le chanteur.
Avec ses compères Brian May (Gwilym Lee) et Roger Taylor (Ben Hardy), puis John Deacon (Joseph Mazzello), le groupe chante dans des boîtes de nuit avant de devenir rapidement célèbre. Quelques anecdotes peu connues – dont celles entourant Bohemian Rhapsody, ou encore l’origine de We Will Rock You – ponctuent ce parcours sans faute tandis que Freddie tombe amoureux et épouse Mary Austin (Lucy Boynton, vue il y a deux ans dans l’excellent Sing Street).
On assiste aussi à un changement de gérant lors de l’arrivée de Paul Prenter (Allen Leech) qui aurait été une mauvaise influence, puis à un autre avec celle de Jim Hutton (Aaron McCusker), conjoint des dernières années du chanteur. Le long métrage se termine sur le concert Live Aid, l’un des meilleurs moments musicaux.
DES RACCOURCIS
En regardant Bohemian Rhapsody, on remarque quelques raccourcis narratifs, dont certains s’avèrent franchement dérangeants comme celui de la scène de « réconciliation » de Freddie avec son père et la présentation de son petit ami à la famille avant d’aller se produire au Live Aid. Des aspects du célèbre auteur-compositeur-interprète sont également rendus lisses au point d’être aseptisés, notamment son homosexualité ou le fait qu’il soit atteint du sida.
Si Rami Malek ressemble parfois à Mercury (sauf les moments où il fait penser à Mick Jagger, notamment lorsqu’il a les cheveux mi-longs) dont il a adopté la gestuelle, l’acteur ne parvient jamais totalement à se faire oublier. De plus, le portrait brossé par le scénario (trop ?) prudent d’Anthony McCarten lui enlève la possibilité d’offrir une prestation nuancée, complexe et troublante.
Dommage !