Le Journal de Montreal

House of Cards est hanté par Kevin Spacey

Le fantôme du comédien plane sur l’ultime saison du thriller politique

- MARC-ANDRÉ LEMIEUX La sixième saison d’House of Cards est maintenant disponible sur Netflix.

Un défi de taille attendait les auteurs d’House of Cards après l’affaire Kevin Spacey : clôturer une série sans pouvoir jouer leur carte maîtresse : l’acteur autour duquel toute l’action – du moins, une bonne majorité – était articulée depuis des années. Pari relevé ? À moitié.

Après avoir regardé cinq des huit épisodes qui composent la sixième et dernière saison du thriller politique, laquelle atterrit sur Netflix aujourd’hui, notre plus grand reproche concerne la façon dont l’équipe de scénariste­s a choisi de gérer l’absence du comédien, prestement renvoyé après avoir fait l’objet de multiples accusation­s de harcèlemen­t et d’agression sexuelle.

Bien évidemment, son congédieme­nt a forcé les créateurs d’House of Cards à revoir leurs plans. C’est ainsi qu’est mort Frank Underwood, de manière peu glorieuse, entre deux saisons du feuilleton phare du plus important service de vidéo sur demande au monde. Loin de nous l’idée de remettre en doute la décision de tuer le machiavéli­que héros. Quel autre choix s’imposait aux auteurs ? Ce qu’on questionne, c’est la suite.

Au lieu de sceller le destin du personnage une fois pour toutes au premier épisode, pour immédiatem­ent passer à autre chose et maximiser les chances qu’on oublie les raisons pour lesquelles son nom – et celui de Kevin Spacey – n’apparaît plus au générique d’ouverture, on étire la sauce en laissant planer un épais mystère sur son décès.

Et après cinq épisodes, rien n’est encore réglé.

EFFICACE

Heureuseme­nt, les autres intrigues sont tellement efficaces qu’on finit par s’abandonner et pleinement apprécier cet ultime chapitre, en grande partie grâce à Robin Wright, toujours aussi intrigante et charismati­que en Claire Underwood. Dorénavant veuve et présidente des ÉtatsUnis, la blonde ambitieuse est attaquée de toutes parts. Elle tente d’enterrer son passé et surtout, les squelettes de celui qu’elle appelait son mari, mais cette tâche s’annonce complexe, voire impossible.

Robin Wright réussit-elle à combler le vide laissé par Spacey ? Complèteme­nt. En grande forme, la lauréate d’un Golden Globe vole chacune des scènes dans lesquelles elle figure. On savoure chacune des occasions où elle brise le quatrième mur et s’adresse directemen­t aux téléspecta­teurs, particuliè­rement quand elle balance des informatio­ns clés comme : « C’est épuisant, jouer les incompéten­tes. »

DE NOUVEAUX ATOUTS

Bien que, dramatique­ment, leurs personnage­s de riches industriel­s déterminés à s’emparer du Bureau ovale sortent un peu de nulle part, Diane Lane et Greg Kinnear constituen­t de formidable­s ajouts au casting d’House of Cards. Le retour de Patricia Clarkson (Jane Davis) élève également cette finale résolument féministe, placée sous le signe des mouvements #moiaussi et Time’s Up.

Certes, cette fin de parcours manque de subtilité. La finesse des premières saisons est loin derrière, comme en témoigne la surabondan­ce de répliques assassines soufflées à l’oreille en plein rassemblem­ents publics. Mais comme soap de luxe qu’on dévore comme un gros bol de popcorn, House of Cards demeure une excellente option.

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 ?? PHOTOS COURTOISIE DAVID GIESBRECHT/NETFLIX ?? 1. Robin Wright campe Claire Underwood avec toujours autant de panache et d’aplomb. 2. En riches industriel­s qui tentent de chasser Claire du pouvoir, Diane Lane et Greg Kinnear tirent leur épingle du jeu. 3. Michael Kelly reprend son rôle de Doug Stamper, le fidèle bras droit de Frank Underwood (Kevin Spacey).
PHOTOS COURTOISIE DAVID GIESBRECHT/NETFLIX 1. Robin Wright campe Claire Underwood avec toujours autant de panache et d’aplomb. 2. En riches industriel­s qui tentent de chasser Claire du pouvoir, Diane Lane et Greg Kinnear tirent leur épingle du jeu. 3. Michael Kelly reprend son rôle de Doug Stamper, le fidèle bras droit de Frank Underwood (Kevin Spacey).
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