CALGARY LES A CONQUIS
Sylvie Tanguay et son fils Philippe ne regrettent pas d’avoir déménagé dans la ville olympique
CALGARY | L’héritage des Jeux olympiques pour une ville ne se traduit pas seulement en infrastructures et en retombées économiques. Depuis ce jour de 2006 où Philippe Riopel a rempli sa voiture et roulé vers Calgary avec sa mère pour y vivre, leur histoire nous enseigne qu’une ville olympique peut aussi exercer un pouvoir d’attraction, même auprès des Québécois.
« Les gens sont déchirés sur la question, mais moi, je peux dire que c’est en raison des Jeux de 1988 que je vis aujourd’hui en Alberta. L’ovale de patinage de vitesse a été construit et c’est pour ça que je suis devenu un résident de Calgary », affirme cet ex-patineur de l’équipe canadienne, qui a pris sa retraite de la compétition il y a trois ans.
CHAUD DÉBAT
Comme tous les résidents de « Cowtown » ces jours-ci, Sylvie Tanguay et son fiston se laissent entraîner par l’actualité entourant le projet d’une candidature pour les Jeux d’hiver de 2026. La température en ville a atteint un niveau supérieur mercredi quand huit des 15 membres du conseil municipal – le minimum requis avait été fixé à 10 – ont vainement tenté d’annuler le référendum prévu le 13 novembre.
La population pourra donc se prononcer sur le projet, malgré les opposants qui reprochent entre autres le peu de temps mis à la disposition des citoyens pour l’évaluer. Une contribution des fonds publics abaissée de 125 millions $ à 2 875 milliards $ a évité le déraillement. Les gouvernements fédéral et albertain investiraient dans l’organisation respectivement 1 453 milliards $ et 700 millions $, contre 390 millions $ de la part de la Ville.
Au-delà de la politique et de la facture totale estimée à 5 075 milliards $, Sylvie Tanguay adhère au mouvement des Jeux. Devenue directrice adjointe des relations internationales à l’ovale olympique, elle en mesure l’impact, déjà énorme ne serait-ce que pour sa personne.
« Sa vie est maintenant ici, la mienne aussi », nous dit la dame en incluant son fils dans son cheminement.
DÉCISION AUDACIEUSE
Le 29 août 2006, le jour d’anniversaire de ses 18 ans, le jeune Riopel a pris une décision dans l’espoir de faire fructifier son potentiel. Devant l’incertitude d’entraînement que lui laissait l’anneau extérieur de Québec, il a roulé durant trois jours, direction Calgary. Sa mère, alors divorcée, a choisi de filer avec son fils unique.
« Ça faisait 21 ans que j’étais directrice des loisirs à Lachenaie. Je me suis dit : pourquoi pas, alors let's go ! », raconte-t-elle.
« Pour un parent d’athlète, je trouve correct qu’il y ait maintenant un anneau couvert en construction dans l’est (à Québec). Ce n’est pas donné à tout le monde de pouvoir déménager soudainement à Calgary comme je l’ai fait. Mais j’avoue que c’était plus facile parce que j’ai juste un enfant. »
UNE NOUVELLE VIE
On se doute de quel côté voteront ces deux Albertains d’adoption le 13 novembre. Après une carrière marquée notamment du 10e rang au 1000 m des mondiaux en 2011, Philippe Riopel gagne maintenant sa vie dans une agence de marketing du sport, s’est acheté une maison avec sa conjointe et répète à qui veut l’entendre les avantages de voir « sa » ville accueillir à nouveau les Jeux olympiques.
« On voyait ce que Calgary pouvait nous donner quand on est venus ici. C’était une nouvelle vie pour nous. Le plus dur pour ma mère et moi, c’est que toute notre famille est au Québec... »