MALADE, IL PERD 300 000 $ AUX MAINS D’UNE « AMIE »
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BLAINVILLE | Deux enfants d’un homme d’affaires atteint d’une maladie dégénérative ont dû le confronter plusieurs fois pour qu’il cesse de prêter de l’argent à une femme qui l’a dépouillé de plus de 300 000 $.
Sylvain et Martine Provencher ne sont pas animés par un désir de vengeance, mais ils ont raconté leur histoire à l’Agence QMI pour passer un message : les enfants doivent connaître l’entourage de leurs parents, surtout s’ils sont âgés ou malades.
« Tu as un homme d’affaires qui est malade, mais bien entouré. Et, malgré tout, il s’est fait ramasser solide », a dit son fils Sylvain Provencher, hier, dans un restaurant de Blainville, dans les Laurentides.
Claude Provencher, de Saint-Sauveur, a fondé Les Services financiers Claude Provencher inc. Celui qui a une conjointe ne devait pas un sou, appréciait le bon vin et les voyages aux Bahamas.
La maladie de Lou Gehrig lui a été diagnostiquée en 2009. La sclérose latérale amyotrophique crée une paralysie progressive des muscles et des troubles cognitifs.
M. Provencher connaissait Thérèse Riendeau depuis 18 ans, mais il s’est rapproché d’elle à partir du 2 octobre 2012, à la suite d’un verre de vin bu ensemble. Ils vivaient tous deux au Manoir Saint-Sauveur. Il avait 80 ans et elle en avait 62.
DE L’ARGENT
Deux jours plus tard, il lui a remis 4000 $ comptant, 2800 $ la semaine suivante, puis il a continué à lui remettre de l’argent.
Mme Riendeau, qui a fait faillite en 1988, 1992 et en 2007, lui a soutiré plus de 300 000 $ sur une période de 18 mois. Il perdait le fil des événements et ne comprenait plus son comptable, rapporte le jugement rendu par le Tribunal des droits de la personne, en octobre.
Elle avait accès à sa carte de guichet et « le Tribunal est convaincu qu’elle s’en est servie allègrement et de manière immodérée », souligne le jugement.
La dame affirme qu’il lui a donné entre 50000 et 60000 $. Elle a dit au tribunal qu’il voulait la gâter, car il était amoureux d’elle, ce que n’a pas cru le juge.
« La perspective d’une double vie amoureuse aussi active, intense et exigeante que le rapporte Mme Riendeau est irréaliste et fantaisiste », souligne le jugement.
Mme Riendeau a dit avoir utilisé l’argent pour payer des comptes, comme son loyer et son prêt automobile, en plus de s’acheter des vêtements et avoir renouvelé son permis de courtière.
« Elle ajoute avoir joué au Casino et aux “machines à sous”, mais ne peut préciser le nombre de fois, pas même un ordre de grandeur, ni les sommes impliquées », indique le jugement.
AVERTISSEMENT
La conjointe de Claude Provencher, Monique Lavallée, avait averti son fils Sylvain des sorties d’argent. Celui-ci a tout de suite confronté son père. Les dettes s’accumulaient et des montants disparaissaient.
« Il avait tellement honte de lui qu’il ne voulait pas bouger », a raconté en entrevue son fils, Sylvain Provencher.
Ce dernier en a ensuite parlé à sa soeur Martine. L’homme a fini par entendre raison après plusieurs confrontations. Il s’est assis avec sa fille et ils ont tout épluché.
« Quand je lui ai dit : “Papa, tu vas faire faillite”, ça l’a shaké », a dit Mme Provencher.
À un certain point, le fils a tenté par lui-même de récupérer les sommes et a laissé des messages à Mme Riendeau, qui a porté plainte pour harcèlement criminel. Le tout s’est soldé par un interdit de contact.
DÉCÈS
Claude Provencher a porté plainte à la Commission des droits de la personne et a signé une procuration pour que ses enfants gèrent l’ensemble de ses avoirs. Il est décédé le 25 juillet 2015. Mme Riendeau a été condamnée à rembourser 288403 $ à la succession à titre de dommages matériels, et 10 000 $ pour dommages moraux. Son permis de courtière immobilière est par ailleurs suspendu pour cinq ans.
Elle n’a pas voulu commenter, mais a indiqué qu’elle allait en appeler du jugement.
Sylvain et Martine Provencher affirment que la dame ne pourra pas les rembourser, mais qu’il était important d’aller jusqu’au bout, par amour pour leur père.
« TU AS UN HOMME D’AFFAIRES QUI EST MALADE, MAIS BIEN ENTOURÉ. ET, MALGRÉ TOUT, IL S’EST FAIT RAMASSER SOLIDE »
– Sylvain Provencher, fils de Claude Provencher