Le se bute à plus fort
La route vers la Floride n’a pas été de tout repos pour Yanni Gourde, qui vient de signer un contrat de 31 M$
Assis dans le vétuste Cow Palace de San Francisco, domicile des Bulls durant la saison 2012-2013, Yanni Gourde était loin d’imaginer que, six ans plus tard, il ferait sauter la banque en signant un contrat de six ans d’une valeur de 31 millions de dollars.
Il était alors un membre des Sharks de San Jose qui faisait la navette entre les Sharks de Worcester, de la Ligue américaine, et les Bulls de San Francisco, de la Ligue de la Côte Est (ECHL). Le Cow Palace était très loin d’être un palace cinq étoiles pour un joueur de hockey. Premier domicile des Sharks de 1991 à 1993, c’était plutôt une « shed » ou un hangar, endroit de prédilection pour les rodéos et les foires agricoles.
Les Bulls n’étaient pas très populaires dans la région de San Francisco. Ils attiraient à peine 4000 spectateurs par match. Si bien que la saison suivante, ils ont déclaré faillite en pleine campagne.
« C’est tellement loin, s’est souvenu Gourde en souriant, hier matin, moins de 24 heures après la signature de son contrat. Il n’y avait pas beaucoup de monde dans la place, au Palace, mais j’ai apprécié chaque moment que j’y ai passé. Je voulais toujours faire mieux, m’améliorer sur la glace et prouver aux gens qu’ils avaient tort.
Chaque situation a forgé la personne que je suis aujourd’hui, a-t-il enchaîné. Je ne serais pas ici si je n’avais pas joué avec les Bulls ou les Wings [de Kalamazoo dans la ECHL] et les Sharks [de Worcester]. Je serai toujours reconnaissant envers ces organisations.
Je ne pensais jamais avoir cette stabilité il y a quelques années, a relaté celui qui n’a jamais été repêché dans la LNH. Considérant d’où je viens, des ligues dans lesquelles j’ai joué depuis le junior, jamais je ne me serais attendu à signer un contrat de six ans. C’est vraiment un feeling exceptionnel présentement. »
DES AIR MILES EN BANQUE
Parce qu’avant que le Lightning lui accorde sa chance, il y a cinq ans, Gourde a traversé les États-Unis en long et en large, réussissant sans cesse à se démarquer.
C’est ce qui a attiré l’oeil de Julien BriseBois, manitou du Crunch de Syracuse à l’époque. En 2013-2014, le centre avait signé un essai professionnel le limitant à 25 matchs avec le club-école des Sharks. Il avait alors marqué quatre buts et amassé 24 points. L’organisation californienne n’avait pas cru bon de lui offrir une nouvelle entente.
BriseBois a sauté sur l’opportunité en lui accordant ce qu’il attendait : un contrat d’entrée lui indiquant qu’il était désormais un espoir de la LNH.
Dans sa philosophie, il a sans cesse progressé à Syracuse, méritant des rappels à Tampa. L’an dernier, il a gagné sa place dans la grande ligue et joué les 82 matchs, amassant au passage 64 points, en plus de sept en séries éliminatoires.
L’OFFRE SUR LA TABLE
Durant la période estivale, les deux parties avaient placé les assises d’une nouvelle entente puisque l’attaquant en était à sa dernière année de contrat.
Ce début de saison éclair avec une moyenne d’un point par match a forcé le Lightning à déposer un pacte sur la table. Les négos n’ont pas traîné, même si le processus, qui a duré quelques jours, a été des plus stressant pour Gourde.
« L’offre avait du sens pour moi. Elle m’offrait de la stabilité et le mode de vie à Tampa est agréable. C’est une organisation exceptionnelle. C’est elle qui m’a donné ma première chance. »
SUR LES TRACES DE MARCHESSAULT
Et ce n’est pas un hasard s’il a paraphé une entente quasi identique à son grand ami et compagnon d’entraînement, Jonathan Marchessault.
Ce dernier avait signé un contrat de six ans et 30 M$ avec les Knights de Vegas l’hiver dernier. Les deux hockeyeurs sont épaulés par le même agent, Paul Corbeil.
« Jonathan m’avait passé le message. Qu’on le veuille ou non, il m’a montré que c’est possible de mériter un long contrat et d’avoir de la stabilité dans cette ligue malgré un cheminement différent de la norme. J’espère que ce contrat sera une source de motivation pour d’autres joueurs ayant des histoires semblables à la mienne. »
Cette phrase n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd, puisqu’à sa droite, le Québécois Danick Martel tente de faire sa place chez le Lightning. Histoire, cheminement et gabarit semblables. Il saura saisir son opportunité.