Il reconstruit le visage défait de personnes décédées
Le thanatologue a choisi son métier à l’âge de 14 ans à la suite d’un traumatisme
Un homme de 36 ans redonne un peu de paix aux familles de défunts en reconstruisant le visage de personnes normalement trop dégradées pour être exposées à cercueil ouvert.
Pierre-Maxime Fugère n’a pas peur des morts, peu importe leur condition. C’est un thanatologue spécialisé en chirurgie reconstructrice après les décès. Sa spécialité est de reconstituer le crâne en fixant les os aux bons endroits avec des fils de fer ou des vis.
Il a déjà passé plus de 80 heures sur une seule dépouille.
« J’ai toujours livré la marchandise. Il y a des cas qui m’ont marqué à vie par contre », a-t-il dit en entrevue avec l’Agence QMI, hier.
Il se souvient entre autres d’avoir replacé le crâne d’une femme battue à mort et qui avait été décapitée, ou des cas d’enfants.
« C’est surtout quand j’accompagne les parents et que je les amène voir leur enfant. C’est tout le temps marquant. On a la mâchoire tellement serrée qu’on a l’impression que les dents vont nous briser dans la bouche », a dit l’homme, qui est exposant au premier Salon de la mort de Montréal, qui se termine aujourd’hui au Palais des congrès.
M. Fugère travaille dans le domaine depuis qu’il a 14 ans et une situation traumatisante à cette époque est à l’origine de son entreprise, Services PMFX.
SUICIDE
Un adolescent de son école s’était enlevé la vie avec une arme à feu. M. Fugère se tenait debout, au pied du cercueil, quand le père du défunt a exigé de voir son fils. Le thanatologue ne voulait pas ouvrir le cercueil, mais le père a dit qu’étant donné qu’il avait payé, il voulait voir son fils.
« Il m’a regardé et il m’a dit d’ouvrir le cercueil », a-t-il relaté.
La dépouille était dans un état si lamentable que le père est devenu hors de lui.
« J’avais 14 ans et j’ai vu son père faire une crise hystérique. Je suis parti et j’ai pleuré dans la salle de bains. C’était trop intense », a-t-il partagé.
Un an plus tard, jour pour jour, le père mourait dans les mêmes circonstances que son fils. Cette fois, la famille avait choisi une urne.
« Dans mon coeur, je me suis dit que j’allais embarquer dans le domaine funéraire pour changer les choses. C’est ce que j’ai fait », a dit M. Fugère.
« HAUTE VOLTIGE »
Il facture aujourd’hui ses services à 85 $ l’heure et dit qu’ils sont seulement deux au Canada à offrir ce type de reconstruction.
L’homme serait capable de récupérer une tête qui a passé deux mois dans l’eau, grâce à un processus de déshydratation.
Il affirme faire environ une fois par mois de la « haute voltige » de reconstruction.
« Les proches des personnes disparues veulent souvent retrouver le corps pour commencer leur deuil, mais quand ils le retrouvent, les conditions ne sont pas optimales », a-t-il indiqué.