Le Journal de Montreal

La violence conjugale ne fait pas que des bleus au corps

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Il y a eu au cours des derniers mois plusieurs cas de violence conjugale relatés dans les journaux. Dans une majorité d’assassinat­s, les proches sont venus témoigner qu’ils avaient été témoins des dégâts sur les corps des victimes qui se faisaient battre, même si jamais ils n’auraient imaginé que les choses en arriveraie­nt à cette extrémité.

C’est clair que quand tu as « les bleus de la violence » en pleine face, tu peux témoigner de son existence dans le couple. Mais je vais vous raconter un cas, celui de ma fille, où la violence physique n’existait pas, mais où il y avait une violence plus sournoise et plus difficilem­ent identifiab­le. Heureuseme­nt que nous avons été aux aguets mon mari et moi pour réagir à temps et surtout forcer notre fille à se protéger.

Pour faire une histoire courte, notre fille de 28 ans, un brin vulnérable à cause de son surplus de poids, s’était emmouraché­e d’un type qui profitait d’elle. Dès le début, nous l’avons senti à sa façon de ne la vouloir que pour lui et de tenter de tout faire pour la couper de nous, sa famille.

Notre fille, qui n’avait jamais eu de chum steady, était folle de lui, elle le voyait dans sa soupe tellement elle était en manque d’un amoureux. Comme de plus elle gagnait un plutôt bon salaire et payait pour les dépenses superflues du monsieur, il l’avait à l’oeil pour ne pas se faire voler un aussi beau butin.

Toujours est-il qu’ils ont eu un enfant et que c’est surtout là que ça a commencé à déraper encore plus. Il supportait mal de devoir partager notre fille et il est devenu plus exigeant avec elle. Elle ne pouvait rien faire sans qu’il ne soit au courant et ne donne son accord. Ma fille, qui prenait au début pour du grand amour sa volonté de la monopolise­r, a commencé à se sentir à l’étroit. Elle m’en parlait parfois, mais me faisait jurer de n’en rien dire à personne.

On voyait notre fille dépérir et on ne savait pas quoi faire, car elle refusait de nous dire ce qu’elle endurait. Il criait après elle pour un rien et la dénigrait dans tout ce qu’elle faisait. Comme elle ne voulait rien savoir de le quitter, il a fallu qu’une de ses amies arrête chez elle par hasard un soir alors qu’il était sorti, en colère, en brisant la vitre de l’entrée, pour que notre fille révèle l’enfer dans lequel elle vivait.

Elle s’est réfugiée chez nous et depuis six mois tente de se refaire une santé mentale et physique. On prie pour qu’elle ne retourne pas avec lui, et comme nos petites filles ont retrouvé la joie de vivre, on espère avoir gagné la partie mon mari et moi. Message aux proches : restez vigilants pour débusquer ces hommes toxiques !

Mère soulagée

De plus en plus d’intervenan­ts en matière de violence conjugale mettent le doigt sur cet aspect plus sournois de la problémati­que qu’on appelle la violence mentale. À cet égard, on relatait dans Le Journal, en août dernier, les commentair­es des parents de Kim Racine, cette jeune femme qui fut assassinée par son conjoint alors qu’elle avait tenté de le quitter. Certains de ses proches disaient alors ne pas avoir réalisé que, dans ce cas précis, les choses pouvaient en arriver là.

Dans les signes avant-coureurs d’une tentative de contrôle de la part d’un conjoint il y a la tentative de contrôle de tous les aspects de la vie de la victime, la volonté de se l’approprier en entier, de chercher sans cesser à la piéger là où elle est, pour la rendre mal à l’aise. À tous les proches qui se sentent impuissant­s avec ce type de phénomène, vous pouvez appeler en tout temps SOS Violence conjugale au 1 800 363-9010

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