Le Journal de Montreal

Frappé au visage à la sortie d’un bar gai

Le jeune homosexuel avait participé à une émission de télé

- AXEL MARCHAND-LAMOTHE

Un étudiant lavallois n’arrive pas à concevoir qu’on s’en soit pris physiqueme­nt à lui en raison de son orientatio­n sexuelle, ce week-end, alors qu’il sortait d’un bar du quartier gai de Montréal.

« C’est pas toi la tapette d’Un souper presque parfait ? »

C’est de cette façon que Nidal Chawqui, un jeune homme de 23 ans, dit avoir été abordé à la sortie du Complexe Sky sur la rue Sainte-Catherine Est au petit matin samedi.

« J’ai voulu lui demander pourquoi il sentait le besoin d’être agressif comme cela. Tout ce que j’ai eu comme réponse, c’est “non”, et il m’a frappé », raconte le jeune homme au lendemain de l’agression.

L’individu se serait élancé et lui aurait asséné un coup de poing au visage avant de fuir par une ruelle avec les deux autres hommes qui étaient avec lui.

M. Chawqui raconte s’être effondré et avoir perdu connaissan­ce au milieu de passants et des deux amies qui l’accompagna­ient.

BLESSURES

« Lorsque je suis revenu à moi, je saignais abondammen­t du nez et de la lèvre », explique celui qui a participé à l’émission de téléréalit­é de V Un souper presque parfait en février dernier. M. Chawqui confie qu’il peut toujours vivre avec les insultes et les injures qui se sont multipliée­s depuis son passage à la télévision, sauf que ce geste « ridicule » et « dégueulass­e » le sidère. « Je n’arrive toujours pas à m’imaginer qu’en 2018 on peut s’en prendre physiqueme­nt à quelqu’un en raison de son orientatio­n sexuelle », dénonce-t-il.

PEUR

Il souhaite avant tout que les gestes de violence homophobes soient dénoncés publiqueme­nt plus souvent.

« On pense que nous ne sommes plus une société homophobe, mais ça existe encore », rappelle Marie-Pier Boisvert, directrice générale du Conseil québécois LGBT.

Par leur expérience, les membres de la communauté LGBTQ+2 hésitent à porter plainte contre un agresseur. Souvent, c’est par peur de ne pas être pris au sérieux ou encore d’être « exposés ».

« Dénoncer la violence, c’est aussi montrer une position de vulnérabil­ité », affirme Mme Boisvert.

S’il est difficile de quantifier le nombre d’agressions à caractère homophobe, la directrice du Conseil québécois LGBT considère que sa communauté reste surreprése­ntée.

« C’est différent aujourd’hui, ça prend d’autres formes. Il y a beaucoup plus de cyberagres­sion, notamment », poursuit-elle.

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PHOTOS AXEL MARCHAND-LAMOTHE ET COURTOISIE Nidal Chawqui dit avoir reçu un coup de poing à la sortie d’un bar gai montréalai­s samedi, après s’être fait traiter de « tapette », lui coupant la lèvre et le faisant saigner du nez (en mortaise).
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MARIE-PIER BOISVERT DG du Conseil québécois LGBT

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