Le Journal de Montreal

De plus en plus malades

Certains policiers ont raté plus de 1000 jours en cinq ans pour prendre des congés de maladie

- NICOLAS LACHANCE

QUÉBEC | Le nombre de congés de maladie a explosé de 37 % à la Sûreté du Québec depuis cinq ans, si bien que certains policiers ont été absents plus de 1000 jours durant cette période, a appris notre Bureau d’enquête.

En 2013, environ 74 000 journées de maladie ont été utilisées par les policiers de la SQ. L’an dernier, ce chiffre a bondi à 101 300 journées complètes d’absence.

Le manque d’effectifs, la multiplica­tion des heures supplément­aires et l’augmentati­on des problèmes liés à la santé mentale seraient parmi les principale­s raisons poussant les médecins à prescrire des arrêts de travail prolongés.

C’est au moment de l’entrée en fonction de Martin Prud’homme à la tête de l’organisati­on qu’il y a eu une croissance fulgurante des absences, note le syndicat (voir autre texte).

PLUSIEURS JOURS

Certains policiers ont même recours à des centaines de journées de maladie chaque année.

Les données recueillie­s par notre Bureau d’enquête révèlent que l’un des policiers a été absent du boulot durant 1114 jours entre 2013 et 2017. Au total, 77 agents ont utilisé plus de 500 journées de maladie durant cette même période.

« L’organisati­on était au courant qu’il s’agissait d’une problémati­que », a avoué la sergente de la SQ Joyce Kemp. Elle assure que Martin Prud’homme en a fait l’une de ses priorités en 2017 avant d’être nommé à la tête du SPVM temporaire­ment par Québec afin d’y remettre de l’ordre.

Lors de la dernière négociatio­n du contrat de travail, le syndicat et l’employeur se sont notamment entendus pour mettre sur pied un comité portant sur la gestion optimale des ressources.

Un plan d’action a ainsi été mis en place pour réduire l’absentéism­e de façon significat­ive, a souligné Mme Kemp. « Ça concernait l’améliorati­on et le traitement de l’invalidité et la mise en place d’un programme de retour au travail, en plus de la formation et la conscienti­sation des gestionnai­res. »

VAGUE DE SUICIDES

Le syndicat explique que plusieurs de ses membres ont des maladies chroniques. D’autres ont aussi été victimes de graves accidents de travail. « Ce sont des personnes qui peuvent accumuler de longues périodes de maladie, voire des années », a admis Pierre Veilleux, président de l’Associatio­n des policières et policiers provinciau­x du Québec.

Les deux parties indiquent que déjà, en 2018, leurs efforts auront permis d’améliorer la situation.

Par ailleurs, 2017 a été une année passableme­nt sombre au sein des troupes, alors que cinq agents se sont enlevé la vie. Cette vague qui a frappé a laissé de lourdes séquelles au sein des postes partout au Québec.

Depuis, un programme de prévention a été mis en place. « Des services et de l’accompagne­ment aux employés sont offerts », a expliqué la SQ. – Avec la collaborat­ion de Philippe Langlois

et Marie-Christine Trottier

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PHOTO D’ARCHIVES, JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS Le 7 juin, des policiers de la SQ étaient prêts à intervenir lors de la manifestat­ion contre le G7 qui se déroulait du parc des Braves, à Québec.

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