De plus en plus malades
Certains policiers ont raté plus de 1000 jours en cinq ans pour prendre des congés de maladie
QUÉBEC | Le nombre de congés de maladie a explosé de 37 % à la Sûreté du Québec depuis cinq ans, si bien que certains policiers ont été absents plus de 1000 jours durant cette période, a appris notre Bureau d’enquête.
En 2013, environ 74 000 journées de maladie ont été utilisées par les policiers de la SQ. L’an dernier, ce chiffre a bondi à 101 300 journées complètes d’absence.
Le manque d’effectifs, la multiplication des heures supplémentaires et l’augmentation des problèmes liés à la santé mentale seraient parmi les principales raisons poussant les médecins à prescrire des arrêts de travail prolongés.
C’est au moment de l’entrée en fonction de Martin Prud’homme à la tête de l’organisation qu’il y a eu une croissance fulgurante des absences, note le syndicat (voir autre texte).
PLUSIEURS JOURS
Certains policiers ont même recours à des centaines de journées de maladie chaque année.
Les données recueillies par notre Bureau d’enquête révèlent que l’un des policiers a été absent du boulot durant 1114 jours entre 2013 et 2017. Au total, 77 agents ont utilisé plus de 500 journées de maladie durant cette même période.
« L’organisation était au courant qu’il s’agissait d’une problématique », a avoué la sergente de la SQ Joyce Kemp. Elle assure que Martin Prud’homme en a fait l’une de ses priorités en 2017 avant d’être nommé à la tête du SPVM temporairement par Québec afin d’y remettre de l’ordre.
Lors de la dernière négociation du contrat de travail, le syndicat et l’employeur se sont notamment entendus pour mettre sur pied un comité portant sur la gestion optimale des ressources.
Un plan d’action a ainsi été mis en place pour réduire l’absentéisme de façon significative, a souligné Mme Kemp. « Ça concernait l’amélioration et le traitement de l’invalidité et la mise en place d’un programme de retour au travail, en plus de la formation et la conscientisation des gestionnaires. »
VAGUE DE SUICIDES
Le syndicat explique que plusieurs de ses membres ont des maladies chroniques. D’autres ont aussi été victimes de graves accidents de travail. « Ce sont des personnes qui peuvent accumuler de longues périodes de maladie, voire des années », a admis Pierre Veilleux, président de l’Association des policières et policiers provinciaux du Québec.
Les deux parties indiquent que déjà, en 2018, leurs efforts auront permis d’améliorer la situation.
Par ailleurs, 2017 a été une année passablement sombre au sein des troupes, alors que cinq agents se sont enlevé la vie. Cette vague qui a frappé a laissé de lourdes séquelles au sein des postes partout au Québec.
Depuis, un programme de prévention a été mis en place. « Des services et de l’accompagnement aux employés sont offerts », a expliqué la SQ. – Avec la collaboration de Philippe Langlois
et Marie-Christine Trottier