Le Journal de Montreal

La GRC lutte mal contre une fraude financière

Des malins se font passer pour l’Agence du revenu

- CHRISTOPHE­R NARDI

OTTAWA | Les fraudes liées à l’Agence du revenu du Canada (ARC) ont subtilisé plus de 15 M$ aux Canadiens dans les dernières années. Mais la GRC avoue qu’elle ne réussira jamais à éradiquer ce fléau qu’elle semble peu connaître.

Depuis 2014, le Centre antifraude du Canada (CAFC) a reçu pas moins de 74 000 plaintes de Canadiens se disant victimes d’une tentative de fraude selon laquelle les malfaiteur­s se font passer pour l’ARC. Au total, pas moins de 15,2 M$ ont été extorqués à des Canadiens, mais ces chiffres ne sont que la « pointe de l’iceberg » selon la GRC.

« Il faut beaucoup de sensibilis­ation et d’éducation publique face à cette fraude. L’action policière à elle seule [...] ne peut pas combattre ce problème. Il faut qu’il y ait de la prévention » pour que les Canadiens ne tombent pas dans le panneau, a indiqué le surintenda­nt Peter Payne, directeur de la division des crimes financiers à la GRC.

Le stratagème est simple : le fraudeur communique par courriel, texto ou téléphone avec la victime prétendant être de l’Agence du revenu. Dans son message, il dit que la victime fait l’objet d’une enquête, car elle doit de l’argent à l’ARC et doit payer immédiatem­ent ou, au contraire, que l’ARC lui doit de l’argent et qu’elle peut la recevoir en échange d’informatio­ns personnell­es.

C’est là que le fraudeur demande par exemple un numéro de carte de crédit ou de compte bancaire.

Outre le fait que la majorité des fraudeurs et leurs centres d’appels sont situés à l’extérieur du Canada (en Inde, particuliè­rement), qu’en sait la GRC sur l’ampleur du problème ? Pas beaucoup, si on se fie au manque de réponses fournies aux journalist­es lors d’une conférence hier.

PEU D’INFORMATIO­NS

On ne pouvait pas nous dire environ combien de centres d’appels sévissaien­t en Inde, combien de personnes seraient impliquées dans ces stratagème­s, ou même s’il existe des solutions pour détecter et empêcher les messages frauduleux.

Ces fraudes n’affectent pas seulement les victimes, ajoute l’ARC. Dernièreme­nt, les agents de l’ARC font face à de plus en plus de méfiance lorsqu’ils appellent les Canadiens pour des raisons légitimes, a avoué la directrice générale Tammy Branch.

Et même quand on réussit à mettre certaines personnes derrière les barreaux, le problème ne fait qu’empirer. Lorsque la police indienne a arrêté 70 personnes en lien avec des fraudes au Canada et aux États-Unis en octobre 2016, le Centre antifraude du Canada a vu le nombre de plaintes chuter de 93 % dans la semaine suivante.

Or, l’accalmie aura été brève. « Au cours des mois suivants, les plaintes ont repris et leur nombre a fini par dépasser les chiffres enregistré­s [l’année précédente] », constate un document du CAFC remis aux journalist­es.

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PETER PAYNE Directeur, GRC

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